Aller au contenu principale
vilda-94560-atlantische-zalm-rollin-verlinde-800-px-47675.jpg

Le grand retour du saumon atlantique dans nos rivières

Pour le saumon atlantique, roi des poissons d’eau douce et de la migration piscicole, se développer dans nos fleuves et rivières n’a pas toujours été une mince affaire. Si la Meuse belge abritait jusque-là une importante communauté de poissons migrateurs, l’industrialisation aura petit à petit causé la quasi-disparition de ces espèces. Mais c’était sans compter sur l'acharnement de scientifiques, du Service de la Pêche de la DNF et de nombreux passionnés qui travaillent depuis des années sur la réinsertion du saumon chez nous. Zoom sur un phénomène qui rend à notre belle nature tous les droits qui lui sont dus. 

 
 

La Meuse, terre d’accueil des poissons migrateurs, ou pas…

La migration de certains poissons dans les eaux belges et internationales existe depuis toujours. Leur déplacement ne cesse presque jamais pour des raisons liées à leur cycle vital. Que ce soit pour se nourrir, se reproduire, ou échapper aux prédateurs, il s’agit d’une forme de survie. La Meuse compte une dizaine de grands migrateurs amphihalins anadromes -espèces piscicoles qui grandissent en mer et migrent en eau douce pour se reproduire - dont le saumon atlantique fait partie. 

Très présent dans nos rivières jusqu’au XIXe siècle, ce sont l’industrialisation, la dégradation de la qualité de l’eau, les grands barrages et la surpêche du bassin liégeois qui lui coûteront la vie. L’extinction sera totale en 1935 dans nos régions. Ce n’est finalement qu’en 1983, suite à la découverte de truites de mer dans le bassin de la Meuse, qu’une lueur d’espoir renaît, et dans son sillage, le projet « Meuse Saumon 2000 ». 

 
 
vilda-94564-atlantische-zalm-rollin-verlinde-800-px-47674.jpg

Sauvetage en cours !

Depuis le lancement de ce programme, les universités de Namur et Liège conjointement à la Région Wallonne ont permis à nos amis à branchies de revenir occuper nos rivières en toute sécurité. Un plan d’action est alors lancé avec comme principal objectif l’esquive des barrages et de ses effets néfastes, à savoir toute barrière susceptible de bloquer la remontée des géniteurs, ou toute turbine capable d’entrainer la mort de jeunes salmonidés dévalants. Les nombreuses constructions d’échelles à poissons ont indéniablement contribué à l’amélioration de la libre circulation des migrateurs. 

En 2002, après des repeuplements à partir d’oeufs et d’alevins - jeunes poissons placés dans les rivières et les étangs - d’origine étrangère, le premier résultat encourageant survient à Visé où treize saumons adultes sont observés. À partir de ce jour, et après quelques reproductions artificielles, une nouvelle souche mosane a finalement été reconstituée. Repeupler nos cours d’eau n’est néanmoins pas une tâche aisée et nécessite un travail quotidien d’équipes passionnées. 

 
 

Rencontre avec Yvan Neus, responsable de CoSMos

Le centre CoSMos
Le centre CoSMos

Le Conservatoire du Saumon Mosan d’Érezée, appelé CoSMos, est un pionnier dans la production de petits saumons visant le rempoissonnement de nos rivières belges. Comme nous l’a expliqué Yvan Neus, le saumon est une espèce très complexe. Les géniteurs de retour d’un périple en mer, récupérés au barrage de Lixhe, sont transportés à la pisciculture pour y réaliser une reproduction artificielle. Les jeunes saumons, entre 400.000 et 500.000, sont ensuite élevés sur place et sont finalement déversés dans nos cours d’eau courant mai-juin, et puis en septembre, sous différentes tailles. Le voyage s’effectue ensuite de manière éparse, aucun spécimen ne part ni ne revient en même temps, et il peut durer plusieurs années en fonction du temps passé en eau douce et/ou salée. Les adultes meurent généralement dès leur retour, après la reproduction. Ils peuvent malgré tout se considérer comme de réels miraculés puisque seuls deux individus sur 10.000 oeufs pondus en milieu naturel reviennent de ce périple. La pisciculture, en favorisant le retour d’un plus grand nombre d’entre eux, prouve l’importance de ses actions malgré de trop fréquentes critiques, comme nous le précisait Monsieur Neus. La souche initiale ayant disparu du bassin de la Meuse, les pisciculteurs n’ont eu d’autre choix que de repartir de zéro avec des souches étrangères dont le cycle biologique n’est pas le même. Un travail minutieux qui a demandé adaptations et recherches pointues, chapeau bas !

Si vous souhaitez aller plus loin dans la découverte de ce poisson mystérieux, le conservatoire organise un parcours didactique et touristique retraçant l’histoire du saumon et les étapes de son odyssée. 

 
 

S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur un retour à la normale, les résultats obtenus tendent tout de même vers un avenir bien meilleur pour notre ami le saumon. Selon une étude réalisée en 2018 par les universités concernées, 217 individus adultes en migration de remontée ont été capturés au sein des deux principales impasses à poissons wallonnes en 20 ans (1998-2018). 86,3 % d’entre eux ont été interceptés entre 2012 et 2018, un résultat qui ne fait qu’augmenter la crédibilité de ce projet et de sa réussite.

Cette initiative admirable, qui participe à la restauration de la biodiversité et de l’Ardenne bleue, ne doit pas rester un cas isolé et doit nous encourager à aller dans ce sens, celui du respect et de la protection de la nature.

 
 

En savoir plus


Articles liés