Hamster d'Europe

Notre petit rongeur préféré existe aussi en version sauvage, mais ses populations ne sont pas en grande forme. Qui est-il ? Quelles différences avec les hamsters domestiques ?

Reconnaître le hamster d’Europe

Et oui, le hamster d’Europe est une espèce différente de l’adorable rongeur domestique. Il est très rare, mais si vous avez de la chance et que vous pensez en avoir vu un, il vous faudra d’abord déterminer si vous avez affaire à un rongeur échappé ou à un véritable spécimen sauvage. Même si tous deux partagent des traits communs, vous le reconnaîtrez grâce aux caractéristiques suivantes.

• il mesure 20 à 35 cm et pèse entre 200 et 500g, ce qui le rend plus imposant qu’un hamster domestique moyen
• son ventre est noir et son dos est roux
• il présente des taches blanches sur les joues, la gorge et derrière les pattes antérieures
• sa queue est courte (environ 5 cm)

Il est plus agressif que ses congénères domestiques moyen-orientaux ; si vous en croisez un, ne cédez surtout pas à la tentation de l’approcher !

(Cricetus cricetus)

Au menu

Si notre hamster vit dans les champs, c’est en partie pour y trouver un abri, mais surtout pour pouvoir se nourrir sans trop d’efforts ! Il peut être qualifié d’omnivore, car son régime se doit d’être riche et diversifié pour le maintenir en bonne santé. Il apprécie d’ailleurs de nombreux aliments : céréales, trèfle, luzerne, légumineuses et tubercules constituent la plus grande partie de son menu, mais il peut aussi ajouter racines, insectes et gastéropodes dans son assiette, parfois même des grenouilles.

Habitat

Ce petit rongeur solitaire vit principalement dans les champs, où il creuse un terrier qui peut atteindre deux mètres de profondeur et qui comporte plusieurs galeries. Pour construire l’œuvre de sa vie, il préfère les sols limoneux et évite en règle générale les terres trop humides ou inondables. Une fois qu’il s’est installé, son terrier ressemble à une véritable maison : garde-manger, chambre d’été tapissée de paille, chambre d’hiver plus profonde (elle aussi aménagée à l’aide de paille) et même une pièce séparée pour les « toilettes » sont reliées par un réseau de tunnels. Sa maison compte plusieurs entrées verticales et une oblique, qui a été la première galerie permettant de creuser le terrier. Très territoriaux, les hamsters délimitent leur domaine en signalant leur présence à leurs congénères via des glandes odorantes situées sur leurs flancs.

Nocturnes, ils ne s’aventurent hors de leur terrier qu’au crépuscule ou à la nuit tombée pour récolter de la nourriture dans leurs abajoues. Entre octobre et mars, le hamster d’Europe hiberne et recouvre toutes ses entrées de terre. Heureusement, il prévoit d’importantes réserves de nourriture avant l’hiver pour les petites fringales de mi-saison, car il ne se réveillera que pour manger et faire ses besoins de temps à autre.

Le hamster d’Europe et l’amour

Solitaire la majorité de l’année, les choses changent pour notre rongeur au grand cœur une fois la belle saison arrivée. Vers le mois d’avril, Monsieur se met en quête d’une (ou plusieurs) belle.s dame.s à courtiser. Une fois l’acte consommé, le mâle s’en va et recherche sa conquête suivante. La future mère s’occupera seule de la progéniture, à laquelle elle donnera naissance 18 jours plus tard. Elle peut mettre au monde une ou deux portées par an, comportant chacune en moyenne 7 petits qui ne pèsent que 7 grammes à la naissance.

Maman Hamster allaitera ses petits pendant 6 jours avant d’alterner le menu avec des aliments végétaux. À quatre semaines, les bébés sont omnivores et au bout de deux à trois mois, les petits sont adultes et prêts à se reproduire l’année suivante.

Relation avec l’Homme

Ce mignon petit rongeur est malheureusement presqu’éteint chez nous. Autrefois considéré comme nuisible à l’instar de nombreux rongeurs, il était systématiquement exterminé. Son hibernation et son goût pour les céréales le poussent à faire des réserves, ce qui ne plaisait pas toujours aux propriétaires desdites céréales. Pièges, produits chimiques et noyades dans les terriers ont donc été employés dans les années 1960 pour tenter de limiter les dégâts causés aux cultures. À présent strictement protégé, ses galères ne sont pas terminées pour autant.

Le manque de diversité agricole a également mis à mal l’espèce, réduisant son habitat. La monoculture, c’est-à-dire la culture d’un seul type de plantes (surtout le maïs), peut même causer des carences en vitamine B3, ce qui augmente les risques que les femelles se débarrassent de leurs petits. En revanche, une alimentation plus équilibrée permet aux hamsters de mieux se reproduire. Certaines hypothèses avancent que le changement climatique et la pollution lumineuse auraient des effets néfastes sur ce rongeur nocturne, perturbant son cycle jour/nuit ainsi que sa période d’hibernation. L’absence d’une couche de neige peut paradoxalement entraver sa survie, car elle isole le sol sur lequel elle repose du froid, et protège ainsi le profond terrier des hamsters. L’urbanisation – et les routes – diminuent elles aussi ses possibilités de logement ; le hamster d’Europe n’est désormais guère plus présent que dans le Limbourg, le Brabant et la Hesbaye et disparait d’ailleurs progressivement dans toute l’Europe occidentale. Pour couronner le tout, le hamster a de nombreux prédateurs naturels : rapaces et mammifères carnivores tels que le renard ou les mustélidés ne l’épargnent pas.

Pour toutes ces raisons, 26 spécimens ont été relâchés en 2019 dans la région de Tongres afin de permettre une certaine diversité génétique lors de la reproduction. Une autre solution indispensable à la bonne santé de ces nouvelles populations serait de diversifier les cultures, ce qui aurait également un impact positif sur le sol, mais aussi sur d’autres espèces comme les pollinisateurs et les autres animaux qui élisent domicile sur les terres agricoles.

Saviez-vous que le hamster d’Europe…

• était une espèce parapluie ? Cela signifie que les mesures prises pour le protéger seront en réalité bénéfiques à beaucoup d’autres espèces.
• passait environ 95% de sa vie sous terre, bien à l’abri dans son terrier ?
• était aussi appelé « hamster commun », « cochon des blés » ou « Grand hamster d’Alsace » ?
• peut stocker plusieurs kilos de nourriture pour passer l’hiver ?