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Jeroen Mentens

Orvet fragile

Un autre serpent dans notre nature ? Et non, car malgré son nom latin, il s’agit d’un lézard… sans pattes !

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Reconnaître l’orvet fragile

(Anguis fragilis)

Il n’est pas toujours facile de différencier l’orvet d’un serpent pour les non-initiés. Pourtant, certains caractéristiques sont très faciles à identifier et vous permettront de certifier que vous avez affaire à notre lézard apode :

  • il mesure environ 30 à 40 cm de long ; la femelle peut atteindre 50 cm
  • il est gris, brun, cuivré ou beige
  • les juvéniles ont une couleur dorée
  • son corps est brillant et lisse
  • il a une petite tête ronde qui surmonte directement son corps (pas de cou) et son museau est arrondi
  • les femelles présentent parfois une bande vertébrale sombre et deux bandes noires sur les flancs
  • les mâles ont parfois des taches bleutées
  • il se déplace plus lentement que les serpents
  • il a des paupières mobiles – ce qui n’est pas le cas des serpents

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À l’instar des autres lézards, l’orvet fragile se nourrit principalement de petits invertébrés comme les vers, les limaces, les araignées ou les cloportes. Il est totalement inoffensif pour l’homme.

Habitat

Peu pointilleux, l’orvet se satisfait de nombreux milieux différents : pelouses (calcaires ou non), lisières de forêts, carrières, voies ferrées, prairies humides,… Il peut même se rapprocher des habitations et élire domicile dans les jardins, du moment qu’il trouve de la nourriture en suffisance et des cachettes (par exemple un tas de compost), car ce lézard apode tient à sa vie privée. La majorité du temps, l’orvet se cache sous des pierres, des tas de feuilles, d’anciennes galeries de rongeurs ou encore dans un compost. Avec un peu de chance, vous pourrez occasionnellement l’observer pendant son bain de soleil. De nature discrète, il ne mord pas et si vous le surprenez, il préférera s’enfuir sans demander son reste. Vous l’avez croisé dans votre jardin ? Ne paniquez pas, car sa présence est une bonne nouvelle : il vous débarrassera de nombreux insectes.

À partir du mois d’octobre, l’orvet fragile se retire dans sa cachette pour hiberner, et ce jusqu’en mars, au retour des beaux jours.  À l’instar des autres reptiles, c’est un animal à sang froid ; il est donc incapable de réguler sa température et doit rester au chaud tout l’hiver.

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Rollin Verlinde

L’orvet fragile et l’amour

Les orvets fragiles ont des papillons dans le ventre dès le mois de mai. Ils se mettent alors en quête d’un.e partenaire.  Et même si ces animaux sont d’habitude pacifiques et acceptent la présence de leurs congénères, pas question de laisser quiconque leur voler leur amourette ! Pendant la saison de reproduction, les mâles peuvent entrer en conflit et mordre leurs rivaux.

Une fois l’accouplement terminé, la femelle portera les petits pendant 3 mois. Et oui : les orvets sont ovovivipares et ne pondent pas directement leurs œufs. Maman met au monde 3 à 25 petits encore entourés d’une coque translucide que les bébés orvets briseront rapidement. Ils sont autonomes dès leur naissance – pas le choix chez les lézards ! Ils ne pourront par contre se reproduire à leur tour que vers l’âge de 3 ou 4 ans.

Relation avec l’homme

Plus fréquent au sud de la frontière linguistique, l’orvet fragile n’est pas considéré comme menacé. Pourtant, ses populations ont régressé au fil du temps. Si les éléments paysagers dont l’orvet fragile a besoin disparaissent, par exemple à cause du reboisement des terrains en friche, il ne s’épanouira pas.  Mieux vaut également éviter les fauches trop importantes, car notre lézard recherche le couvert des herbes hautes.

De plus, les insecticides ainsi que l’agriculture intensive représentent des menaces pour ses proies et ont évidemment un effet direct sur sa survie. Autre danger pour notre orvet : les lâchers massifs de faisans et de sangliers pour la chasse, qui n’hésiteront pas à s’attaquer à lui. Et la présence de l’homme peut aussi lui être néfaste d’une tout autre manière quand l’orvet se manifeste dans nos jardins… car il peut alors devenir la proie de nos félins. Il est en effet beaucoup moins agile que les autres lézards ou les serpents, soit la victime parfaite pour nos tigres de salon si nous ne les surveillons pas.

Saviez-vous que…

  • en cas d‘attaque, l’orvet pouvait pratiquer l’autotomie ? Comme les autres lézards, il peut sedébarrasser d’une partie de sa queue. Cependant, il aura besoin d’énergie pour la faire repousser et elle ne sera jamais semblable.
  • son nom latin signifiait « serpent fragile » ? Pas étonnant que la confusion soit si répandue !
  • l’orvet utilisait sa langue fourchue pour « sentir » les phéromones de ses congénères ?