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Glenn Strypsteen

De nouvelles dunes à Ostende

Si nous tentions autrefois de dominer les zones naturelles de toute notre force, il devient de plus en plus évident que nous devrions considérer la nature comme notre alliée. Pour nous engager sur cette nouvelle voie durable, nous avons encore besoin de faire des recherches. Glenn Strypsteen, chercheur à la KULeuven, s'est lancé dans un test à grande échelle sur la plage d'Oosteroever à Ostende pour étudier le processus de formation des dunes. Le but ? Protéger la digue d'une surcharge de sable.

C'est un panorama surprenant qui nous attend : à hauteur du fort Napoléon, la plage autrefois vierge de tout végétal est divisée en six zones remplies de plantes, qui font penser à des cultures agricoles. « Grâce au projet Duin voor dijk (La dune devant la digue), nous espérons comprendre combien de plantes sont nécessaires au mètre carré pour créer une dune, mais aussi comment les oyats doivent être plantés, explique Glenn. Nous avons donc réparti le terrain en six zones de 20 mètres sur 20. Nous testons des densités de 6, 9 et 15 plantes/m2 disposées en rangées, en groupes serrés ou aléatoirement. »

Comment se forment les dunes ?

Ce projet doit permettre à Glenn d'examiner comment une masse de sable peut se transformer en dune le plus rapidement possible avec un peu d'aide. « Pour pouvoir se développer, les dunes ont besoin de trois facteurs. D'abord de sable, que nous avons en suffisance naturellement. Ensuite de vent, qui va déplacer le sable, ce qui est déjà problématique ici. Chaque année, la digue Spinola, soit le seul chemin pour rejoindre le club de surf Twins en voiture, doit être totalement fermée car d'énormes quantités de sable la rendent inaccessible. Le travail entrepris pour la dégager est colossal, cher et tout sauf durable. Un rideau de dunes pourrait régler ce problème. »

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Glenn Strypsteen

« Le dernier ingrédient n'est à la base pas présent sur nos plages belges », continue Glenn. « Des bulldozers tentent d'égaliser nos plages plusieurs fois par an, de déplacer le sable où il est nécessaire et de se débarrasser des déchets. Si une graine apparaît, elle n'aura aucune chance de devenir une plante adulte. Et ces plantes sont à la base de la création de chaque dune : grâce à leur réseau racinaire solide, les oyats et les élymes forment la structure de dunes robustes. Au-dessus de la surface, la verdure continue de se développer sur la plage et quand du sable supplémentaire s'y accroche, de nouvelles racines se forment. Lors de tempêtes violentes, la quantité de sable emportée par le vent est négligeable, car la majorité est ''freinée'' par les racines de ces plantes. »

Un mètre de dune gagné sur six mois

Glenn a de bonnes nouvelles : le système fonctionne. « Nous surveillons le développement du projet pilote en continu. Nous mesurons la vitesse à laquelle les oyats poussent, la quantité de sable emportée par le vent, la variation de la vitesse et de la direction des vents et la quantité de sable supplémentaire nécessaire pour maintenir les nouvelles dunes. Nous avons commencé à planter les graminées en janvier, et nous voyons déjà que le niveau de sable s'est élevé d'un mètre. Ces résultats sont exceptionnellement bons quand on sait que les oyats poussent chaque année d'1 à 2 mètres. L'influence du modèle de plantation utilisé semble secondaire pour le moment, mais la densité des plantes est bel et bien importante : plus il y a d'oyats par mètre carré, plus la surface sur laquelle le sable se déplace est moindre. »

Cette photo montre l’excès de sable sur la digue Spinola
Cette photo montre l’excès de sable sur la digue Spinola

Protection de la côte, réponse aux changements climatiques et biodiversité

Le projet est une idée commune de la KULeuven et de l'Agence des Services Maritimes et de la Côte et ne se limite pas à la plage d'Oosteroever. « En ce moment, nous avons deux autres projets-tests en cours », raconte Glenn. « Nous avons un site similaire de 750 mètres de long sur les plages de Mariakerke et de Raversijde, où le sable pose beaucoup de problème sur la route. Nous y travaillons non seulement avec des graminées, mais aussi avec des branches de saule que nous assemblons pour former une sorte d'osier qui retiendra le sable des dunes en formation. Après l'été, nous continuerons à mesurer les données en continu. »

Sur la plage de Raversijde, les oyats et l’assemblage de branches forment une base pour la création de dunes
Sur la plage de Raversijde, les oyats et l’assemblage de branches forment une base pour la création de dunes

Non contentes d'empêcher le sable de s'accumuler sur les digues, les dunes ont aussi d'autres avantages. Elles sont par exemple cruciales dans la protection de nos côtes. A l'avenir, cette mission prendra encore plus d'importance, car des digues résistantes sont essentielles pour lutter contre les changements climatiques. Les digues sont des structures solides et rigides, ce qui est aussi leur principale faiblesse. Un rideau de dunes naturel est bien plus apte à résister aux caprices de la nature lors des tempêtes, de la montée des eaux et des inondations.

« L'action de protection des dunes est au centre de notre troisième projet », ajoute Glenn. « A Westende, nous avons installé une "digue végétale" qui consiste en de longues graminées qui se transformeront à terme en nouvelle dune. Nous voulons enrayer l'érosion de la côte de manière naturelle. L'objectif est d'adapter les résultats de ces projets le long de toute la côte belgeAu lieu de rehausser les digues et d'ajouter du sable sur les plages, nous laissons la nature faire le gros du travail. De plus, ces projets nous permettent de booster la nature : des dunes supplémentaires signifient plus de place pour la biodiversité. Personne n'est perdant dans ce projet. »

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