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Nos lapins de garenne et lièvres sont-ils menacés ?

Petits mammifères incontournables de nos campagnes et forêts, les populations sauvages de lapins de garenne et de lièvres ont pourtant souffert ces dernières années. Entre maladies infectieuses, développement intensif de l’agriculture, prédation et chasse, nos lagomorphes ont eu leur comptant. Le point sur leur situation.

Il m’est arrivé de me balader le soir dans le Parc de la Boverie, dans le centre de Liège, dans l’espoir d’apercevoir les nombreux lapins sauvages qui y ont élu domicile. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que leurs congénères étaient menacés un peu partout en Belgique et même en Europe, alors que j’ai toujours pensé qu’ils étaient très courants ! Les lapins font pourtant partie des mammifères qui peuvent très rapidement proliférer : une lapine peut avoir entre 3 et 5 portées comptant chacune 3 à 12 lapereaux par an. Même si leur espérance de vie dépasse rarement les deux ans, les lapins de garenne peuvent techniquement atteindre l’âge 9 ans, ce qui leur donne la possibilité de donner naissance à une bonne centaine de petits au minimum ! Les lapins domestiques ont d’ailleurs été obtenus par l’élevage du lapin européen, ou lapin de garenne. Pourtant, ils sont sur la liste des espèces quasi menacées. Comment a-t-on bien pu en arriver là ?

Des proies bien fragiles

La vie des lapins européens n’est déjà pas aisée : considérés comme des animaux nuisibles à cause des dégâts qu’ils provoquent dans les cultures, ils ne sont pas appréciés par l’homme et doivent en plus faire face à une batterie de prédateurs naturels, tels que le renard, la fouine, le chat (sauvage ou domestique), le chien ou encore les rapaces. La densité de population étant aussi de plus en plus élevée, les lagomorphes sont aussi fréquemment tués sur les routes. Nombreux sont les lapins qui n’atteignent pas l’âge adulte.

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Malgré le déclin de sa population, le lapin de garenne fait toujours partie des espèces qui peuvent être chassées en Wallonie. Pourtant, la disparition d’une espèce endémique bouleverse les écosystèmes : certains végétaux ne sont plus éliminés et prolifèrent, laissant moins d’espace pour les autres plantes.

Victimes de maladies contagieuses

Dans les années 1950, une grande proportion de la population de lapins sauvages a été décimée par la myxomatose : 95 % d’entre eux ont succombé aux effets de cette maladie sur les territoires infectés. Principalement transmise par les tiques, les puces et les moustiques, elle provoque tumeurs (appelées myxomes), œdèmes et conjonctivites pouvant rendre les lapins aveugles s’ils ne guérissent pas spontanément. Les spécimens atteints ont de la fièvre, des complications pulmonaires et finissent par ne plus se nourrir. En Europe, elle a été introduite dans un domaine privé français dans le but de débarrasser le voisinage des lapins qui y vivaient. Il n’existe aucun traitement, la seule solution pour lutter contre la myxomatose est un vaccin.

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Une seconde maladie représente un vrai fléau pour les lapins, tant domestiques que sauvages : la maladie virale hémorragique ou RHDV. Extrêmement contagieux, ce virus peut se transmettre directement entre lapins, via des parasites ou par des éléments contaminés (notamment des selles ou de l’eau). Le RHDV va nécroser les cellules hépatiques et empêcher la coagulation de se faire correctement, causant la mort de l’animal. Là encore, la seule protection est la vaccination, et pour ne rien arranger, les symptômes sont pratiquement invisibles. La deuxième variante du virus s’est répandue dans notre pays en 2015 et a provoqué une vague de décès considérable.

Le lièvre, quant à lui, supporte moins bien le froid et l’humidité, qui vont contribuer au dérèglement de son immunité. Il est fréquemment victime de l’hépatite virale du lièvre ou EBHS, qui entraîne une mort rapide des spécimens l’ayant contractée. Il peut aussi être porteur de la tularémie, une maladie bactérienne qui touche particulièrement les rongeurs et de manière épisodique, les lièvres. Semblable à une grippe, elle est mortelle pour les léporidés. La yersiniose est elle aussi une cause de mortalité importante ; elle est provoquée par une bactérie qui se multiplie dans les intestins tandis que le lièvre ne démontre pas nécessairement de symptômes mis à part l’anorexie.

Disparition de leur habitat

Le constat n’est donc pas bien différent pour le lièvre d’Europe : cette espèce est classée « en déclin ». Moins adapté à notre climat tempéré que son cousin plus petit, il peut tout de même trouver refuge dans les champs, les landes et les bosquets. En 25 ans, on estime que la population sauvage de lièvres a diminué de moitié en Wallonie. Amateur des vastes étendues tranquilles, il trouve de moins en moins son compte dans nos campagnes toujours plus peuplées. Les cultures industrielles, souvent peu diversifiées, ne sont pas assez riches pour satisfaire à ses besoins alimentaires et la Wallonie offre de moins en moins de lieux non cultivés dans les aires de répartition du lièvre. Amateur de graminées, il a en outre besoin de ces plantes pour pouvoir se protéger des intempéries et booster son immunité. L’appauvrissement de l’habitat des lièvres est l’une des causes de la forte mortalité chez les jeunes lièvres ; la hase dépense en effet beaucoup d’énergie lors de l’allaitement, une perte qu’elle doit bien évidemment compenser grâce à son alimentation mais aussi en évitant le stress. Les hases peuvent donner naissance chaque année à 3 à 5 portées, pour un total d’une dizaine de levreaux, soit beaucoup moins que le lapin de garenne.

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Les machines agricoles et le trafic routier leur ont aussi fait payer un lourd tribut, de même que la prédation, entre autres par les renards. Le lièvre reste pourtant lui aussi sur la liste des petits gibiers dont la chasse est autorisée en Wallonie.

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