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Yves Adams

Quelles mesures sont prévues en cas de sécheresse ?

Depuis quelques années, force est de constater que nos étés sont de plus en plus caniculaires et que nous devons surveiller notre usage d’eau. Mais que peut-on mettre en place en cas de sécheresse pour éviter de vider entièrement nos réserves ? Quelles mesures ont été adoptées en Wallonie ?

Ces derniers temps, une sécheresse semble pointer le bout de son nez ; si quelques orages ont plus ou moins soulagé nos réserves d’eau fin mai, celles-ci n’ont pas eu le temps de se reconstituer entièrement. Selon la cellule d’expertise sécheresse, le niveau de nos eaux souterraines est comparable ou inférieur à celui des 5 dernières années, et le débit de nos cours d’eau est plutôt bas. Si la distribution de l’eau est toujours normale dans la majorité de la région wallonne, les communes de Theux et de Stoumont ont d’ores et déjà restreint l’usage de l’eau aux utilisations essentielles. Le baromètre de l’IRM, quant à lui, indique une situation à la limite de la sécheresse qui ne devrait pas s’améliorer dans les 10 prochains jours. Mais que faire si rien ne change ?

Cartes de l'IRM montrant l'indice de sécheresse actuel (à gauche) et les prévisions à 10 jours (à droite)
IRM
Cartes de l'IRM montrant l'indice de sécheresse actuel (à gauche) et les prévisions à 10 jours (à droite)

Restriction de l’usage domestique… et un plan ambitieux

Actuellement, la plupart des mesures concernent le citoyen et sa consommation personnelle. Lorsque des épisodes de sécheresse sont prévus, il est conseillé de réduire son utilisation au minimum en évitant par exemple d’arroser son jardin – raison pour laquelle il vaut mieux opter pour des plantes indigènes qui peuvent supporter une sécheresse temporaire ou installer des couvre-sols afin d’éviter que l’eau ne s’évapore trop rapidement. Les citernes d’eau de pluie sont aussi recommandées, car elles nous permettent de ne pas puiser autant dans nos nappes souterraines.

Cependant, ces mesures ne sont pas suffisantes pour lutter durablement contre les sécheresses prolongées qui se présentent de plus en plus souvent, car le citoyen ne peut pas combattre seul ce phénomène. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement wallon a approuvé en juillet dernier une nouvelle stratégie afin que le sud de notre pays s’adapte au changement climatique. Le but ? Améliorer nos masses d’eau wallonnes pour la fin de l’année 2027. Et pour y arriver, plusieurs objectifs doivent être atteints.

Comment s’adapter ?

La ministre de l’Environnement Céline Telliera ainsi proposé un plan qui se base sur 3 axes principaux : l’éco-résilience hydrique, l’analyse et le renforcement des ressources. Le premier axe vise à améliorer nos ressources existantes, par exemple en (ré)aménageant des zones humides ; celles-ci nous permettraient non seulement de stocker davantage d’eau en période sèche, mais retiendraient également une partie des eaux lors d’inondations potentielles. De plus, ces pans de nature emprisonnent le CO2, purifient l’eau, rafraichissent l’air et attirent des espèces uniques. Autre piste à suivre : la reméandration des cours d’eau. Souvent détournés par l’homme qui souhaitait les « dompter », nos cours d’eau ont souvent quitté leur trajectoire initiale, ce qui a réduit leur valeur écologique. Les inconvénients d’un tracé rectiligne sont d’ailleurs nombreux : crues et débit trop importants, perturbation de la biodiversité, assèchement plus rapide… Trois projets pilotes devraient rapidement voir le jour : la création d’une zone inondable temporaire à Saint-Rémy, la reméandration de la Brouffe et la création d’une autre zone inondable temporaire sur la Wamme. Si ces projets ont été approuvés pour éviter les inondations, ils seront tout aussi utiles pour empêcher les régions de s’assécher. Un budget de 19 millions d’euros a d’ailleurs été débloqué pour la mise en place de projets similaires.

Zone humide d'Orti
Zone humide d'Orti

Le Gouvernement souhaite également végétaliser les villes ; la bétonisation et l’urbanisation constante empêche l’eau de s’infiltrer dans le sol, mais une couverture plus naturelle permettrait aux réserves d’eau souterraines de se remplir et réduirait la chaleur ressentie lors des canicules, qui serait alors absorbée par la terre.

Une autre piste consiste à récupérer et traiter les eaux d’exhaure, les eaux des carrières. Cette tactique a déjà fait ses preuves dans les carrières de Soignies et d’Ecaussinnes, où des stations de potabilisation ont été installées et permettent de récupérer chaque année 2.700.000 m³ et 1.400.000 m³. Nous ne manquons donc pas de solutions pour aider notre nature, mais seul l’avenir nous dira s’il faut adapter davantage nos stratégies.

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