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Soupe de chenille et sexe de papillon

La chenille qui trace son chemin en dévorant vos plantes et le gracieux papillon qui absorbe le nectar de vos fleurs: voilà deux animaux qui paraissent très différents et qui, pourtant, appartiennent à la même espèce. Les chenilles mangent jusqu'à se transformer plus tard en un papillon adulte sexuellement mature. Mais juste avant la transformation, la chenille va aussi... se manger !

Rituel d'accouplement

Commençons par le commencement : les fleurs et les abeilles... ou mieux, les fleurs et les papillons. Parce qu’avec les papillons, tout tourne autour de la reproduction, nous parlons donc bien de sexe chez les papillons. Pour opérer, ils mettent leur abdomen respectif en contact. Mais avant cela, ils doivent trouver un partenaire qui convient. Les papillons dépendent des phéromones, des parfums spécifiques aux espèces qui attirent le sexe opposé. 

Habituellement, les mâles partent à la recherche d’une femelle. Ils attendent parfois même à côté de la chrysalide que la femelle en émerge. Le mâle est tellement impatient qu’il peut à peine attendre que les ailes de la femelle sèchent : il veut passer à l’action immédiatement. Toutes les espèces ne sont pas si libidineuses, certaines ne s’accouplent que plusieurs semaines après la sortie de la chrysalide.

De l'œuf à la chenille

Dès ce moment, la femelle est bonne pour se taper tout le boulot. Elle cherche un endroit sûr pour y déposer ses œufs. Parce que la plupart des chenilles suivent un régime strict, elle choisira de pondre ses œufs sur une plante-hôte. C’est une plante — différente pour chaque espèce — dont la chenille exigeante aime se régaler.

Lorsque la chenille éclot, elle ne pense qu’à trois choses : manger, manger et manger encore. En peu de temps, elle doit absorber une énorme quantité d’énergie pour se métamorphoser en papillon. De plus, la chenille grandit à un rythme rapide : il arrive que sa propre peau se fende sous la pression. Au moment de la mue, une nouvelle peau est déjà prête pour qu’elle puisse immédiatement continuer à manger, manger, manger. 

Soupe de chenilles

À la dernière mue, la chenille se retire dans sa chrysalide. La chenille de la mite ou du papillon de nuit se cache au niveau du sol, contre des troncs d’arbres ou dans des fissures et s’emballe dans un cocon soyeux. La chenille du papillon a une stratégie différente. Elle se pend à un fil de soie sur une brindille ou une feuille, après quoi elle perd sa dernière peau et passe immédiatement au stade de chrysalide.

Ce qui se passe dans la chrysalide défie l’imagination. On peut dire que la chenille... se mange. Elle sécrète des enzymes digestives qui décomposent le contenu de la chrysalide en une bouillie informe, une « soupe de chenille ». Ici et là, quelques amas de cellules souches survivent à l’horrible processus de digestion : les disques imaginaux. Ils existent déjà dans l’œuf initial : il s’agit de cellules qui se développeront plus tard pour former les yeux, la langue, les pattes et tous les autres organes du papillon adulte.

Les disques imaginaux peuvent désormais utiliser toute l'énergie stockée dans la soupe de chenille pour devenir rapidement de véritables organes de papillon. Pour certaines chenilles, des parties du système nerveux sont conservées jusqu'au stade adulte, de sorte que les papillons peuvent même se souvenir de l'époque où ils étaient une chenille ! Lorsque le papillon est entièrement composé, il peut sortir de sa chrysalide. Il est alors extrêmement vulnérable car il ne peut pas encore voler. Pour y parvenir, les ailes doivent d'abord être gonflées: les veines se remplissent progressivement de liquide sanguin.

Et ensuite ?

Ce cycle se répète encore et encore, de l'œuf à la chenille et de la chrysalide au papillon. Le nombre de cycles par an dépend de l'espèce. Certaines espèces ne passent que par un unique cycle de reproduction par an, d'autres produisent deux à trois générations par an. Avec la montée des températures, il est même parfois possible d'observer une quatrième génération. Si les conditions météorologiques restent bonnes jusqu'à la fin du cycle, on profite alors d'un nombre exceptionnellement important de papillons l'année suivante. Mais si la météo devient tout à coup mauvaise, les conséquences sont désastreuses.

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