Test : À la recherche des sources de l'Aisne sur le Plateau des Tailles

Nous démarrons depuis le petit village d'Odeigne. Nous pouvons nous garer devant l'école communale ou plus haut, au niveau du terrain de football qui longe le sentier de randonnée. Les panneaux indiquant les pistes de ski et de ski de fond nous font rêver de temps plus frais, mais le soleil qui perce les nuages nous ramène les pieds sur terre : la température ne sera pas notre alliée aujourd'hui.

Nous suivons la route indiquée par des rectangles verts et une fois que nous avons laissé le monde habité derrière nous, nous atterrissons dans une forêt de conifères tapissée de fougères typique de l'Ardenne. Nous grimpons lentement – il s'agit d'un plateau qui fait honneur à son nom en ne mettant nos mollets que modérément à l'épreuve – en direction de la Fange de Nazieufa. Les conifères font alors place aux tourbières grâce au financement du projet LIFE « Plateau des Tailles ». Comme les drains ont été comblés, l'eau de pluie excédentaire reste plus longtemps sur place et la sphaigne a de nouveau une chance de se développer. Les conséquences de cette restauration toute nouvelle ne sont pas encore visibles, mais le paysage n'en est pas moins beau et varié.

Nous continuons notre route jusqu'à longer la N89, mais nous restons sur un sentier parallèle sécurisé dans les bois. La proximité du vacarme produit par les activités humaines est heureusement temporaire et disparait dès que nous retournons dans la nature. Un peu plus loin, nous arrivons sur une petite route asphaltée que nous devons traverser si l'on en croit les panneaux.

C'est sans compter la tour d'observation qui semble nous regarder et qui se trouve à environ 200 mètres de notre itinéraire. Nous décidons que le détour en vaut la peine: du haut de la tour, nous admirons la vue sur toute la Fagne du Pouhon – et sur les sources de l'Aisne. Au pied de la tour, nous nous reposons et nous sustentons grâce aux provisions de notre sac à dos. Pendant ce temps, nous débattons sur la promenade et nous nous réjouissons que les bottes soient effectivement un luxe inutile pour traverser le paysage.

De bonne humeur, nous reprenons en direction des rectangles verts et nous plongeons dans la Fagne de Pouhon. Le projet LIFE a aussi donné d'excellents résultats ici, mais ils sont d'un autre niveau que ceux que nous avons observés durant la première portion de la promenade. Le sol se fait plus humide sous nos pieds et la signalisation semble nous emmener plus loin dans les tourbières. Un panneau confirme que nous sommes toujours sur le bon chemin et souligne l'importance des zones humides à une époque où l'eau, pourtant indispensable à la vie, menace de devenir l'une des ressources les plus rares au monde.

La région devient plus broussailleuse et le sentier est de plus en plus recouvert de plantes qui profitent de la présence de l'eau. Trouver les chemins – car un sentier de grande randonnée reconnaissable aux flèches rouge et blanche traverse aussi la région – devient sans cesse plus difficile. Les bruits de nos pas ne mentent pas : nous marchons presque littéralement sur les « éponges de notre nature ». Si des chemins de rondins sont installés ailleurs dans le pays pour permettre aux promeneurs de traverser les tourbières, nous devons ici piétiner les branches échouées sur les pans les plus humides.