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Rollin Verlinde

Hermine

En été, ce petit mustélidé ressemble comme deux gouttes d’eau à sa cousine la belette. Mais en hiver, son pelage se pare de blanc et elle se transforme en véritable reine des neiges. Êtes-vous prêt.e à succomber à la beauté immaculée de l’hermine ?

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Reconnaître l’hermine

(Mustela erminea)

L’hermine ressemble à beaucoup de ses cousins mustélidés et en particulier à la belette, surtout en été. Elle peut pourtant se distinguer grâce à certaines caractéristiques :

  • son corps est longiligne et mince
  • son dos est de couleur brun-roux en été et son ventre est blanc ; les deux zones sont clairement séparées par une ligne droite
  • en hiver, elle devient entièrement blanche dans les zones froides pour se tenir chaud et se confondre avec la neige
  • sa queue comporte une pointe noire, qui est la seule zone à ne jamais se colorer en hiver
  • elle est plus grande que la belette (20 à 40 cm avec la queue pour 100 à 400 grammes) ; les mâles sont plus grands que les femelles
  • elle possède de petites oreilles rondes

Au menu

À l’instar de la majorité de ses cousins, l’hermine est principalement carnivore : campagnols, mulots et rats font partie de son menu quotidien. Son corps est d’ailleurs parfaitement adapté pour chasser ces rongeurs, car sa taille fine lui permet de se glisser sans peine dans les terriers et les galeries souterraines. Une hermine adulte a besoin d’ingérer la moitié de son poids chaque jour pour entretenir son métabolisme rapide, ce qui équivaut à une brochette de plusieurs campagnols ! Son corps fin ne lui permet pas de conserver très longtemps la chaleur, d’où sa consommation en nourriture. Si son mets préféré est introuvable, l’hermine peut aussi chasser des lézards, des batraciens, des invertébrés ou même consommer des fruits si nécessaire. 

En été, elle sera davantage active en journée, tandis qu’elle sortira pendant la nuit en hiver. Elle prend ses proies par surprise et les mord au niveau de la nuque. Les petits rongeurs et les musaraignes meurent généralement sur le coup, tandis que les plus grosses meurent d'un choc au crâne provoqué par l'hermine, qui les a préalablement immobilisés.

Habitat

L’hermine est avant tout une chasseuse qui raffole particulièrement des campagnols. Pour les débusquer facilement, elle élit donc domicile dans les lieux ouverts : champs, prairies, jardins, landes ou marais lui seront plus favorables que le cœur de la forêt. Elle établit son nid dans des éboulis, des tas de bois ou n’importe quel élément naturel lui permettant de se dissimuler aux regards indiscrets.

Hermine sur un rocher
Lars Soerink

Plutôt solitaire – et territoriale – l’hermine n’accepte aucun individu du même sexe sur son territoire ; si celui d’un mâle peut recouvrir partiellement plusieurs territoires de femelles différentes, interdiction de pénétrer sur celui d’un autre mâle ! Même chose pour ces dames. Les hermines marquent leur territoire à l’aide de leurs glandes anales, de leur urine et de  leurs excréments afin de signifier clairement leur présence à quiconque tenterait de marcher sur leurs plates-bandes.

L’hermine et l’amour

Mâles et femelles acceptent de se rencontrer quelques jours entre mai et juillet, après leur mue printanière. Si Madame accepte les avances de Monsieur, il la saisit par la nuque et la maintient pendant l’accouplement – parfois pendant plusieurs heures. Loin d’être monogames, les hermines – mâles comme femelles – peuvent avoir plusieurs partenaires, et il arrive que tous les petits de la portée ne soient pas issus du même père. Et ce mustélidé nous réserve d’autres surprises : Madame garde ses embryons pendant 9 à 11 mois au stade de blastocystes avant de lancer la gestation. Ce phénomène est appelé « diapause embryonnaire ». Le développement embryonnaire reprend enfin lors de la belle saison suivante, et l’hermine met au monde entre 3 et 9 petits en fonction de la disponibilité de ses proies. Plus elles seront nombreuses, plus les hermines s’installeront. À l’inverse, un faible taux de proies limitera le nombre de jeunes mis au monde par Maman Hermine.

Les petits naissent sourds, aveugles et nus. Ils seront allaités pendant douze semaines mais commenceront à déguster de la nourriture solide à partir de l’âge d’un mois. À trois mois, ils sont parfaitement capables de se débrouiller seuls et quitteront leur mère. Ils pourront à leur tour se reproduire à l’âge de 9 mois pour les mâles. Les femelles, très précoces, sont techniquement capables de s'accoupler à l'âge de deux mois mais n’auront pas de petits avant d’être adultes à cause de leur gestation différée.

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Lars Soerink

Relation avec l’Homme

La beauté de son pelage en a malheureusement fait une proie toute désignée pendant plusieurs siècles. Sa fourrure immaculée était très prisée par les nobles et le clergé, et plusieurs centaines d’animaux étaient nécessaires pour fabriquer un seul manteau. Heureusement, la chasse à l’hermine est interdite dans notre pays, et son utilité dans la régulation des rongeurs en fait une alliée fort appréciée. D’autres dangers guettent pourtant notre hermine. Le trafic routier fait de nombreuses victimes chaque année parmi les mustélidés, et l’agriculture intensive l’empêche de trouver des refuges sûrs. Malgré ces difficultés, l’hermine n’est pas menacée en Belgique.

Saviez-vous que…

  • l’hermine pouvait être appelée Großes Wiesel en allemand, ce qui signifie « grande belette » ?
  • sa fourrure était utilisée pour décorer les manteaux de la noblesse au Moyen-Âge ? Elle était aussi un animal de compagnie fréquent et apparaît même sur un tableau du Maître des maîtres : La dame à l'hermine, de Léonard de Vinci.
  • l’hermine se retrouvait sur le drapeau de la Bretagne ? On raconte qu’une hermine poursuivie par des chasseurs aurait préféré se rendre plutôt que de se salir en traversant une rivière, ce qui aurait inspiré la devise bretonne « Plutôt mourir que de se souiller ».
  • l’hermine se dressait sur ses pattes postérieures pour repérer le danger, à la manière des suricates ?
  • l’hermine ne prenait pas forcément une coloration blanche en hiver ? Si la neige est absente et que les températures n’atteignent pas -1 °C, elle garde son pelage d’été. Certains individus se colorent partiellement et sont alors qualifiés de « pies ». La blancheur de son pelage lui permet de se camoufler sur la neige aussi bien que sur le sol en été et d’éviter d’être repérée par les rapaces.