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Natagriwal

Existe-t-il des espèces qui ne vivent qu’en Belgique ?

Notre pays est unique, à n’en pas douter. Trois langues et trois régions pour seulement 30.688 km², une culture de la bière inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco – peut-être un jour rejointe par le « fritkot » –  et surtout, ce qui nous rassemble tous autour de Notre Nature : une nature sauvage époustouflante. Mais peut-on parler de nature unique qui n’existe nulle part ailleurs au monde ? Notre pays, que nous mettons à l’honneur en ce jour de fête nationale, abrite-t-il des espèces végétales ou animales qui ne se retrouvent que dans nos paysages ? Réponse tout de suite !

Quand une espèce est présente uniquement dans une région géographique déterminée, on parle alors d’ « espèce endémique ». Cependant, une zone géographique ne recouvre pas nécessairement un seul pays, et vice-versa ; il est dès lors plus complexe de ne retrouver certaines espèces que dans un pays donné. De plus, elles peuvent se montrer particulièrement vulnérables puisqu’elles ne vivent que dans un habitat très réduit. Notre nature pourrait-elle être unique au monde à ce point ? Cocorico, car la réponse est oui ! Notre chère Belgique comporte plusieurs espèces qui ne sont présentes que chez nous : une plante ardennaise et plusieurs invertébrés cavernicoles.

Une réintroduction au franc succès

Nos lecteurs les plus attentifs sont peut-être déjà familiers avec le nom de notre seule espèce végétale endémique : le brome des Ardennes. Il y a quelques mois, nous vous présentions une banque de graines particulière qui a vu le jour au Jardin botanique de Meise et qui conservait précieusement… d’anciennes graines de brome des Ardennes (Bromus bromoideus). Découverte en 1821, cette graminée était autrefois très abondante à proximité des champs d’épeautre en Ardenne et dans le bassin mosan, particulièrement autour de Rochefort, Beauraing et Comblain-au-Pont. Malheureusement, cette plante endémique wallonne avait disparu des radars en 1935 et semblait éteinte pour de bon. En cause ? Le remplacement progressif des champs d’épeautre par des champs de blé ou des pâtures, non propices au développement du brome des Ardennes, et l’amélioration des techniques de tri des céréales qui éliminaient cette graminée, hélas dotée d’une valeur nutritive et commerciale nulle. Des graines avaient heureusement été conservées, et les experts du Jardin botanique ne se sont pas découragés ; ils ont donc fait germer des graines en 2005 dans l’espoir d’un jour réintroduire le brome des Ardennes. Sept ans plus tard, ils disposaient de 300 000 graines, mais encore fallait-il s’assurer que celles-ci survivraient dans la nature. Une étude fut donc conduite entre 2010 et 2020 pour spécifier les besoins de la plante à l’état sauvage et déterminer les risques biologiques éventuels que sa réintroduction pourrait engendrer.

Cette graminée a finalement pu être réintroduite dans un champ à Ciney en collaboration avec le DNF, Natagriwal et deux agriculteurs biologiques. Mais pourquoi ce choix de localisation ? Parce que notre graminée s’épanouissait surtout dans les pelouses calcaires et que la région de Ciney se prêtait parfaitement à ses exigences. Le succès de cette tentative a enfin été confirmé en 2021 et réitéré cette année. En bref : le brome des Ardennes a ressuscité !

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Tela Botanica

Découvertes dans le noir

Le brome des Ardennes n’est pas notre unique fierté nationale ; notre pays abrite également un secret qui n’a été dévoilé qu’en 1942 et qui porte le nom de Tychobythinus belgicus. Ce coléoptère troglobie de la sous-famille des psélaphidés  a été découvert dans la Grotte Lyell à Engis par le naturaliste René Jeannel et vit également dans la grotte de Ramioul (Flémalle). Jusqu’à ce jour, il n’a été observé nulle part ailleurs dans le monde. Un véritable exploit !

Et les merveilles de nos grottes ne s’arrêtent pas là ; au début du XXIe siècle, un nouvel acarien mésostigmate, Veigaia hubarti, a été trouvé dans les grottes d’Hotton, en province du Luxembourg. La grotte de Rochefort, quant à elle, est le refuge d’araignées cavernicoles aveugles uniques au monde : Diplocephalus caecus. Et plusieurs de nos grottes wallonnes sont aussi l’habitat parfait de Deharvengiurus severini, une espèce de collembole cavernicole.

Décidément, les profondeurs de notre pays n’ont pas fini de nous étonner !

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