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La Belgique est-elle adaptée à la nidification de davantage de grues cendrées ?

Ces dernières années ont été propices aux grues cendrées. Un couple a posé ses valises dans la vallée du Zwarte Beek deux étés d’affilée. En 2021, la première couvée a donné naissance à deux petits – Gru & Dru. Le couple a mis au monde un troisième petit en 2022. Ont-ils donné le ton ou notre nature belge n’est-elle pas (encore) prête à accueillir de nouveaux futurs parents ?

La migration des grues cendrées dans l’est de la Belgique est un événement annuel à ne pas rater pour les amateurs d’oiseaux. Des dizaines de milliers de grues cendrées survolent les Cantons de l’Est en criant et arrivent du nord, direction la Méditerranée avant de faire le trajet dans l’autre sens. Certains oiseaux font une pause sur terre pour se reposer. D’autres prennent un long congé estival et viennent même inspecter notre pays. Les futurs parents étudient parfois le terrain pendant des années quand ils cherchent la zone de nidification parfaite. Au printemps 2021, un couple s’est installé dans la Vallée du Zwarte Beek et la famille s’est agrandie de deux petits. Un an plus tard, le succès était à nouveau au rendez-vous : les mêmes grues cendrées se sont posées dans la réserve naturelle pour mettre au monde un troisième oisillon. Quelles sont les chances que d’autres couples fondent un nid en Belgique ?

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Yves Adams

Les grues cendrées migrent en grands groupes mais nichent de préférence en petit comité. Elles choisissent leur zone de nidification en se basant sur plusieurs exigences. Celle-ci doit comporter de la nourriture en suffisance (à savoir : des insectes et des amphibiens) qui doit être facile à dénicher. Une variation entre végétation haute et basse est donc essentielle. Les grues cendrées fourragent principalement en marchant et les jeunes sautillent derrière leurs parents. Une végétation trop dense et inaccessible est problématique mais nécessaire pour abriter les petits et le nid. Un territoire de grande taille est également un prérequis. Les grues cendrées parcourent parfois des kilomètres en cherchant leur nourriture. Si nous voulons en accueillir davantage, nos régions doivent être connectées. Last but not least, ces oiseaux majestueux optent pour des régions calmes et reculées où ils ont peu de risques d’être dérangés par les êtres humains ou d’autres animaux. Dans une région aussi densément peuplée que la Flandre, la présence d’un couple n’était déjà pas gagnée, et la nidification de plusieurs familles semble encore moins évidente. Le couple du Zwarte Beek a pourtant montré que notre nature est riche et que la biodiversité y est suffisante pour accueillir un oiseau aussi pointilleux que la grue cendrée.

Mais quid de l’autre côté de la frontière ? Un peu plus haut, l’est des Pays-Bas compte une population nicheuse de 35 couples ! En 2001, la région de Fochteloërveen a accueilli ses premiers couples et de plus en plus de zones hébergent des grues cendrées. Nous avons constaté depuis lors que le succès de la reproduction des grues cendrées faiblissait fortement quand de nombreux couples s’installaient dans la même région. D’une moyenne d’un oisillon par couple et par an, les chiffres ont dégringolé à 0,25 jeune par an. De plus, les grues cendrées ont aussi de nombreux prédateurs naturels tels que les martres, les renards et les sangliers. L’arrivée massive de ces oiseaux est donc limitée par la prédation.

En bref : les critères stricts de nos grues cendrées, la prédation et les régions souvent fragmentées et trop petites de notre pays entraveront sans doute l’implantation massive de l’espèce en Belgique.

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