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L’ADN du loup

L’arrivée des loups dans le Limbourg ne laisse personne indifférent. Les experts suivent leurs comportements de près : ils recherchent les traces, analysent les excréments et dissimulent des appareils photo. La semaine dernière, ces derniers ont apporté la preuve qu’August et Noëlla traversent actuellement ensemble leur territoire. Mais l’ADN des loups contient encore beaucoup plus d’informations.

L’Institut de recherche sur la nature et les forêts (INBO pour Instituut voof Natuur — en Bosonderzoek) assume cette tâche importante : l’institut collecte tous les échantillons d’ADN qui sont prélevés et les soumet à une analyse approfondie. Au cours des derniers mois, par exemple, ils ont prélevé de l’ADN dans des échantillons d’excréments liés à un loup et des marques de morsures trouvées sur des moutons (et des petits kangourous). La morsure typique du cou responsable de la mort des animaux suggère que le loup y est pour quelque chose.

Qu’est-ce que l’ADN ?

Chaque être vivant possède un ADN unique qui est présent dans chaque cellule de son corps. Impossible de voir cet ADN à l’œil nu, mais il contient toutes les informations héréditaires sur l’organisme duquel il provient. Lorsqu’un loup tue une proie, il laisse sur la carcasse de petites traces d’ADN provenant de la muqueuse de ses babines. Les excréments d’un loup contiennent toujours des cellules intestinales. Vous pouvez trouver de l’ADN même dans les follicules pileux des poils laissés derrière lui, par exemple lorsqu’un loup se frotte contre un arbre pour se gratter ou lorsqu’il grimpe sur une clôture en fil de fer barbelé.

Que nous dit l’ADN du loup ?

L’ADN nous révèle beaucoup d’informations. Il indique à quelle espèce appartient l’animal (est-ce un loup ou un chien, un renard ?) et quel est son sexe. Mais les analyses vont bien sûr beaucoup plus loin. En cartographiant les variations au sein d’un morceau d’ADN présélectionné, les chercheurs peuvent déterminer « l’haplotype » d’un animal, ce qui nous permet d’en savoir plus sur l’origine et les liens familiaux de celui-ci. Chez les loups, les personnes qui analysent l’ADN ne se préoccupent que de l’ADN reçu par la mère (pour les connaisseurs : l’ADN mitochondrial). Le loup August possède l’haplotype 2 et la louve décédée, Naya, avait l’haplotype 1, tout comme le loup Akéla dont le territoire s’étend dans les Hautes Fagnes. Ces trois loups proviennent d’Allemagne. Le loup qui réside à Ébly (province du Luxembourg) possède l’haplotype 22, lié à une population italo-française.

Un ADN unique peut être lié à un loup individuel

Une fois que nous sommes sûrs que l’ADN trouvé est un loup et que l’haplotype est connu, d’autres recherches peuvent être effectuées. Certes, lorsque deux loups ont le même haplotype, distinguer les individus exige une analyse plus approfondie. Le loup August est connu des scientifiques sous le nom de GW979m. Les initiales GW signifient « grey wolf » (loup gris), l’espèce à laquelle appartiennent les loups européens. Le « m » à la fin indique qu’il s’agit d’un homme. Nous ne savons pas exactement quel âge a August ni d’où il vient. Cependant, il est certain qu’avant son arrivée en Belgique, il avait mordu des moutons à mort dans la commune allemande de Norden et à deux endroits dans la province de la Frise, aux Pays-Bas.

Qu’espérons-nous apprendre de l’ADN ?

Quiconque se penche sur les nouvelles du loup de ces dernières semaines sait qu’il reste encore de nombreuses questions sans réponse.

Origine de Noëlla

Les experts, par exemple, aimeraient beaucoup savoir d’où provient Noëlla. Vient-elle d’Allemagne comme August, ou est-elle venue de France jusqu’à nous ? Peut-être que des traces de Noëlla ont déjà été analysées dans un autre pays. Sur base de ces infos, il serait intéressant de voir quel itinéraire elle a suivi pour arriver ici. Cela dit, il n’est pas encore sûr que nous obtenions rapidement une réponse à ces questions. En effet, un seul étron a été trouvé. Il pourrait être à Noëlla mais pourrait aussi être attribué à August.

Loups en transit

Et puis d’autres traces de passage nous sont parvenues, principalement en décembre. Par exemple, à Balen et à Paal (Beringen), un mouton et quelques Wallabys à col rouge (petits kangourous) ont été mordus à mort, mais il n’est pas certain que toutes ces attaques aient été commises par un loup. Après tout, il est peu plausible qu’August ait fait un voyage à Paal — traversant à la fois l’E313 et le canal Albert. La Campine anversoise a également reçu plusieurs rapports concernant des loups en décembre. Nous devons attendre et voir où mèneront les traces génétiques de ce passage.

Loups en Wallonie

Des loups sont parfois repérés au sud de la frontière linguistique. Ces observations sont plus rares, car la recherche de traces de loups est moins active et les zones potentielles beaucoup plus étendues qu’en Flandre. Des échantillons d’ADN ont été prélevés à Herbiester (Province de Liège) dans la nuit du 22 au 23 décembre, et quelques jours plus tard, le loup en question a également été photographié. Nous devons maintenant attendre de voir si ce loup était déjà passé avant ou s’il s’agit d’un nouvel individu.

Quand en saurons-nous plus ?

L’INBO est actuellement en train d’analyser tous les échantillons collectés. Cela peut prendre du temps pour plusieurs raisons. D’une part, de nombreux échantillons ont été soumis pendant la période de fin d’année, leur traitement prend donc plus de temps. D’autant plus qu’il n’y a que très peu d’ADN présent dans chaque échantillon. Il est également plus productif d’analyser de nombreux échantillons en même temps au lieu de faire travailler les machines séparément pour chaque cas. Tous les résultats d’analyse devraient être prêts la semaine prochaine. Nous obtiendrons alors des réponses aux nombreuses questions que nous avons encore sur le nouveau couple de loups belge. Affaire à suivre…

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