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Epeire diadème
Epeire diadème

L’araignée, un être bien singulier

Discrètes, elles provoquent pourtant la répulsion et la peur chez beaucoup de personnes une fois qu’elles les aperçoivent. Une panique souvent infondée, car nos araignées belges sont rarement agressives. Mais qui sont-elles ? Quels sont nos spécimens les plus répandus ou les plus originaux ?

Les araignées divisent, mais sont en réalité bien utiles : elles vous débarrasseront des insectes importuns, par exemple des moustiques. De plus, elles n’attaquent que lorsqu’elles se sentent menacées mais leurs morsures sont assez rares. Petit tour d’horizon des araignées belges.

Les tégénaires

Très répandues, elles sont totalement inoffensives et préféreront fuir devant vous plutôt que vous attaquer, même si elles se sentent acculées. Les plus courantes sont la tégénaire domestique (Tegenaria domestica), la tégénaire noire (Eratigena atrica) et la tégénaire des murs (Tegenaria parietina). De couleur brun clair à foncé, elles mesurent entre 6 et 20 mm (jusqu’à 13 cm pattes comprises pour les plus grands spécimens) et vivent généralement dans nos maisons, chacune ayant une préférence pour certaines pièces. La tégénaire domestique va plutôt s’installer dans les pièces de vie comme le salon ou la chambre alors que la tégénaire noire privilégiera la salle de bains ou une autre pièce humide, par exemple la cave.

Le pholque phalangide (Pholcus phalangioides)

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais vous avez certainement déjà aperçu cette araignée aux fines pattes démesurées. Très présent dans les recoins sombres comme les caves et les greniers, il aime rester immobile dans sa toile pour surprendre ses proies et les enrouler dans un cocon avant de les dévorer. Il peut s’attaquer à d’autres araignées comme les tégénaires ou à des insectes grâce à son venin très efficace mais non dangereux pour l’homme. S’il se sent en danger, il fait vibrer sa toile afin de troubler la vue de son prédateur potentiel et ainsi de disparaître.

L’épeire diadème (Araneus diadematus)

L’élégant motif en forme de croix blanche sur son abdomen est caractéristique de cette araignée. Cette travailleuse acharnée recommence sa toile dès que cette dernière est cassée, car elle est incapable de la réparer. Elle évolue dans nos jardins, où elle attrape toutes sortes d’insectes (et potentiellement des épeires mâles qui passaient par là sans offrande). La femelle, plus grosse que le mâle, ne dépasse guère les 2 cm et si les épeires diadèmes peuvent mordre, vous n’avez pas à les craindre pour autant, leur morsure étant inoffensive. On ne peut pas en dire autant pour les insectes qui ont le malheur de croiser leur toile : ils sont immédiatement tués avant d’être enroulés dans un cocon.

L’argiope frelon (Argiope bruennichi)

Son abdomen rayé rappelle celui de la guêpe ou du frelon, d’où son nom. Cette redoutable chasseuse ne doit pourtant pas vous effrayer, à moins que vous soyez une sauterelle, une libellule… ou un mâle argiope. Car à l’instar des mantes religieuses, Madame est cannibale. Il n’est donc pas rare que ces messieurs soient dévorés après l’accouplement. Pour fuir le plus rapidement possible, le mâle abandonne d’ailleurs son appareil reproductif dans le corps de la femelle qu’il vient de féconder. Ces araignées nous arrivent de la région méditerranéenne et sont maintenant présentes dans toute l’Europe depuis la fin du XXe siècle.

Les saltiques

Elles sont aussi désignées par le terme « araignées sauteuses » à cause de leur propension à bondir sur leurs proies. Elles sont capables de détecter les mouvements comme personne grâce à leurs yeux mobiles qui peuvent être comparés au zoom d’une caméra et peuvent distinguer les couleurs (même l’ultraviolet). Elles ne tissent pas de toile, car leur excellente vue et leurs pattes musclées leur suffisent pour la chasse. Elles préfèrent généralement les terrains de chasse à l’extérieur comme les murs ensoleillés et les piquets.

Les stéatodes

Ces araignées sont présentes un peu partout dans le monde à l’exception des zones polaires. La Steatoda grossa, appelée aussi « veuve des villes », est d’ailleurs la vraie star de Spider-Man de Sam Raimi puisque c’est elle qui transmet ses pouvoirs à Peter Parker. Malheureusement, vous n’obtiendrez pas les mêmes capacités si elle vous mord, puisqu’elle n’est en réalité pas dangereuse, contrairement à sa cousine la veuve noire. Une autre de ses cousines, la Steatoda bipunctata, a été élue « araignée de l’année » en 2018 en Europe. La Steatoda nobilis femelle, quant à elle, peut mordre si elle est dérangée et causer une certaine douleur, mais les cas sont rares.

La thomise variable (Misumena vatia)

Aussi appelée « araignée-crabe », cette araignée dispose d’un super-pouvoir bien utile : elle est capable de changer de couleur ! De la même manière que les caméléons, elle va se camoufler pour attraper ses proies, qui ne se doutent de rien, et n’a donc pas besoin de tisser de toile. La thomise variable est une araignée d’extérieur, qui préfère les prairies et les lisères fleuries pour capturer d’infortunés insectes, souvent plus gros qu’elle, grâce à son venin paralysant. Si ce dernier est redoutable pour les insectes, il est totalement inoffensif pour nous, ses crochets étant trop petits pour percer notre peau.

L’araignée-loup (Trochosa ruricola)

Autre espèce qui n’utilise pas de toile pour chasser, l’araignée-loup est une mère particulièrement attentive : elle transporte ses œufs dans un sac attaché à ses filières (les appendices qui filent la soie). Une fois les petits venus au monde, ils grimpent sur le dos de leur mère et profitent toujours du taxi gratuit. Cette espèce chasse aussi ses proies à vue, utilisant sa bonne vision pour les repérer.

Les amaurobes

Présentes elles aussi un peu partout dans le monde à l’exception de l’Afrique et des pôles, les amaurobes sont des araignées nocturnes. Grâce à un organe particulier appelé « cribellum », elles tissent des toiles de couleur bleutée aux fils cribellés qui s’accrochent aux poils des insectes. Elles utilisent ensuite un autre organe appelé « calamistrum » situé sur leurs pattes postérieures pour carder la soie.

Eresus sandaliatus

Cette araignée très rare est considérée comme menacée dans notre pays. De couleur rouge, le mâle présente des taches noires qui le font ressembler à une coccinelle, ce qui décourage d’éventuels prédateurs. Les femelles, quant à elles, sont noires. Cette araignée vit dans les sols sableux et pauvres en nutriments, où la femelle se cache la majorité de sa vie. Les femelles peuvent vivre trois ou quatre ans, âge au-delà duquel elles sacrifient leur corps (littéralement) à leur progéniture. En Belgique, elle n’a été repérée qu’à Lommel, et n’est présente que dans huit pays européens.

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