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Le bruit perturbe les animaux

Pollution de l’eau, déchets plastiques, pollution lumineuse et maintenant pollution sonore. Une publication récente du magazine Science montre que les bruits émis par les êtres humains provoquent une catastrophe silencieuse sous-marine, pas bien différente de celle qui arrive sur terre. Les bruits ambiants de la ville, du trafic et autres ont un impact bien plus important que nous ne le pensions sur les oiseaux, les mammifères, les insectes et les amphibiens.

Dans un pays aussi peuplé que la Belgique, le bruit ambiant est omniprésent ; il y a toujours un avion, une voiture ou un train non loin. Nos cameramen, en plein tournage pour notre documentaire, peuvent en témoigner. Pour de nombreux animaux tels que les oiseaux, les mammifères, les amphibiens et les insectes, le bruit a un impact non négligeable. Ils communiquent grâce à des signaux acoustiques et le bruit représente donc une sorte de brouilleur qui influence leurs faits et gestes. Ils rencontrent des difficultés pour chasser, n’entendent plus les prédateurs situés à plusieurs kilomètres, ne parviennent plus à trouver un partenaire, et la liste continue. Les bruits ambiants forts influencent leur comportement à tel point qu’ils peuvent menacer la survie de certains d’entre eux. Certaines espèces sont heureusement capables de s’adapter rapidement, mais d’autres menacent de s’éteindre.

Rainette verte en train de coasser
Yves Adams

Les rainettes qui s’accouplent souffrent des bruits urbains

Tous les Belges qui vivent non loin d’un étang savent que les grenouilles peuvent faire un boucan de tous les diables, mais celui-ci n’est même pas comparable aux nuisances sonores occasionnées par le trafic. Les bruits de l’autoroute, des trains (à grande vitesse) etc. perturbent la communication entre les individus, surtout pendant la saison de reproduction, quand les grenouilles font entendre leurs plus beaux chants. Et les rainettes vertes ne font pas exception, si l’on se base sur l’étude de Troianowski et al. (2014). Plus le bruit est présent, moins les femelles pourront entendre l’appel d’un mâle en quête d’une partenaire. Ce constat est particulièrement marquant aux alentours des étangs en milieu urbain : les rainettes finissent par faire leurs bagages. Quand la communication sonore est rendue impossible, les rainettes ne parviennent plus à communiquer tout court, par exemple  en échangeant des signaux visuels. Étendre l’habitat des rainettes vertes grâce à des initiatives comme Nature 2000 et différents programmes de conservation est donc plus crucial que jamais.

Les oiseaux ne chantent plus comme avant

Les oiseaux chantent pour différentes raisons : délimiter leur territoire, prévenir leurs pairs de la présence de prédateurs, tenter de séduire les femelles… Les bruits ambiants des routes et des grandes villes perturbent fortement leur comportement naturel et leur chant.

Certaines espèces optent pour une région plus calme. Elles migrent donc vers d’autres habitats pour y nicher et y rester définitivement, ce qui affecte tout l’écosystème dans lequel elles jouent un rôle spécifique.

Des chercheurs ont étudié l’augmentation de la fréquence minimale des chants d’oiseauxà cause des bruits environnants. Les oiseaux qui vivent dans des zones urbaines chantent bien plus fort lorsque le bruit des environs augmente. C’est par exemple le cas du rossignol. Le rouge-gorge réagit différemment et donnede la voix à d’autres heures, quand le bruit ambiant est plus faible.

Il existe heureusement des espèces qui se sont merveilleusement bien adaptées à la vie urbaine, comme le merle. Il utilise des fréquences plus élevées pour que son chant ressorte sur les bruits de la ville. Les merles n’ont donc pas besoin de migrer et trouvent suffisamment de nourriture.

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Changements de comportement des pinsons qui fourragent

Même la recherche de nourriture peut s’avérer plus complexe pour les oiseaux. Des chercheurs ont étudié le comportement anti-prédation des pinsonslors de leur fourrageage. Dans un environnement bruyant, les oiseaux étaient forcés de se fier beaucoup plus souvent à leur vue au lieu de leur ouïe pour repérer d’éventuels prédateurs. En agissant de la sorte, ils passaient moins de temps à inspecter le sol et trouvaient moins vite leurs proies. Selon cette étude, ce comportement augmenterait le taux de mortalité et diminuerait les chances de reproduction de l’espèce.

Les rapaces rencontrent aussi des difficultés pendant leur chasse. La chouette effraie, par exemple, se fie à son ouïe pour localiser des proies (telles que les souris) dans les champs ou les bâtiments. La présence d'autres sons peut lui compliquer la tâche. La chouette doit alors consacrer plus de temps à la recherche de nourriture, un constat qui vaut aussi pour les chauves-souris.

Pollution sonore sous-marine

La vie aquatique semblait se dérouler sans heurt, dans le calme, du moins jusqu’à la découverte du magazine scientifique Science en avril 2021 et la publication d’un article sur les bruits dans l’océan. Leur conclusion est sans équivoque : la vie sous-marine souffre gravement des bruits émis par les êtres humains, par exemple les bateaux, les speedboats, les travaux de construction, le forage, etc. La biodiversité de notre mer est-elle en danger ?

Les conséquences de la pollution sonore sous-marine sont diverses. Hans Slabbekoorn, professeur de biologie comportementale à l’Université de Leiden, distingue deux types de sons dans la mer. D’abord les bruits forts (coups de canon, éoliennes, forage pour la production d’énergie), des sons soudains qui provoquent panique et lésions auditives chez les animaux marins, et les bruits constants, qui perturbent la faune jour et nuit. Ces derniers  reprennent par exemple les allers-retours continus des porte-conteneurs. Ces bruits résonnent jusque dans les profondeurs de la mer et perturbent la vie quotidienne des dauphins et des baleines, pour ne citer qu’eux. Leur sonar naturel, qui leur sert à chasser et à communiquer, se brouille et leur cause davantage de stress et un manque de sommeil.

Eolienne et turbine dans la mer du Nord

Biodiversiteit onder druk

Dieren die zich aanpassen, ontwikkelen nieuwe manieren om succesvol te communiceren en te jagen, maar wat met dieren die daar niet in slagen? Zij trekken naar rustiger vaarwater. Doen ze dat niet dan sterven ze een langzame dood aldus Slabbekoorn. De Noordzee is het voorbeeld bij uitstek. In onze zee veroorzaken het scheepsverkeer van de Rotterdamse en Antwerpse havens, de bouwwerken van windmolenparken, seismisch onderzoek en knallen van bommen uit de Tweede Wereldoorlog enorm veel geluid in het water. De vissen die er nu leven zijn er in geslaagd zich aan te passen aan die nieuwe omgevingsgeluiden en vormen waarschijnlijk een heel specifieke subset. Dit zorgt voor homogenisatie en zet de biodiversiteit onder druk. Want wat blijft er over? “De stadsduiven en de kauwen van de onderwaterwereld” dixit Slabbekoorn.

Les grillons provençaux ne rencontrent plus leur partenaire idéal.e

Le bruit perturbe aussi la vie des insectes. Si la musique des grillons provençaux nous abandonne à la rêverie des longues soirées d’été, il faut savoir que ces sons représentent la technique ultime des mâles pour séduire les femelles. Chez les grillons provençaux, un chant plus beau peut aussi être lié à un meilleur système immunitaire. Une étude de l’Université d’Oxford s’est penchée d’une part sur les grillons vivant dans un environnement calme et d’autre part sur ceux qui sont exposés aux bruits du trafic. Elle a révélé que les grillons ne parvenaient pas à attirer les femelles à cause de la pollution sonore, car les femelles n’entendent pas la différence entre les bons et les mauvais chanteurs.

Quelles solutions s’offrent à nous ?

Les êtres humains ne peuvent pas survivre sans faire de bruit, mais il existe des solutions pour limiter la pollution sonore que nous causons. La Belgique est littéralement un carrefour autoroutier. Diminuer le bruit du trafic est essentiel. Comment ? Notamment en lissant le revêtement des rues, en organisant mieux la circulation et en diminuant la vitesse maximale autorisée. Introduire des zones de calme, par exemple dans les parcs naturels et autres coins de verdure, peut aussi visiblement améliorer la santé de la flore ET des êtres humains.

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