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Reconnaître les chants d'oiseaux : spécial débutants

Ces dernières semaines, la nature se fait entendre de plus en plus fort. Les gazouillis et pépiements s'élèvent de partout, annonçant ainsi le printemps de manière assourdissante. Mais je dois bien reconnaître – pour ma plus grande honte – que je ne suis capable de reconnaître que le trémolo du troglodyte mignon, un habitué de notre jardin. Et je compte bien remédier à cette lacune !

Une app qui reconnaît les chants des oiseaux

Pour ma première tentative, je préfère me faciliter la tâche. J'installe l'application BirdNET, qui fera tout le travail à ma place. C'est très intuitif : dès que vous ouvrez l'app, elle commence à enregistrer tous les sons dans votre entourage. Un graphique (ou spectrogramme) vous « montre » les sons entrants. Si vous souhaitez analyser un son, il vous suffit d'arrêter l'enregistrement et de choisir l'intervalle à propos duquel vous souhaitez de plus amples informations.

Lors de mon premier essai, j'ai entendu un oiseau émettre trois piaillements consécutifs. Et BIM ! L'application a reconnu une grive musicienne. Elle m'indique même un degré de certitude : « presque certain ». Je note mentalement ce son et lie la grive musicienne à trois « tchip-tchip-tchip ». Mais la multitude des sons enregistrés pendant ma promenade semblent appartenir au même oiseau... Les chants ont une chose en commun : ils ont plus ou moins la même fréquence sur mon graphique. Conclusion : La grive musicienne se reconnaît à sa fréquence.

Entre-temps, j'ai entendu de nombreux oiseaux chanter, piailler et gazouiller. Pourtant, leur timbre est trop faible pour être perçu par le micro de mon téléphone. J'ai eu de la chance une fois, un soir où je me baladais dans le jardin. J'ai entendu un joli chant qui, selon BirdNET, appartiendrait à un rouge-gorge. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, mais si vous me demandez mon avis, son chant est bien plus beau que celui de la grive musicienne. What’s in a name … 

Who you're gonna call ? Birdbusters !

Après une semaine d'utilisation de l'application, j'ai décidé de faire appel à des professionnels. Non pas parce que j'entends des sons d'oiseaux dans ma tête, mais plutôt parce que je veux arrêter de faire n'importe quoi et que je souhaite me lancer. J'ai pris rendez-vous avec Anna Schneider et Wout De Rouck, qui repèrent régulièrement des oiseaux lors de leurs randonnées – à la vue ou au bruit. Anna fait partie des « tourterelles », un groupe d'ornithologues qui ne compte que des femmes. Wout est l'encyclopédie vivante qui aide Anna depuis déjà quelque temps.

Les ornithologues Anna Schneider et Wout De Rouck

La saison est parfaite, explique Anna : « Dans quelques semaines, les oiseaux seront tous plus bruyants les uns que les autres et vous ne saurez plus où donner de la tête. Pour le moment, c'est encore gérable. J'ai moi-même commencé à observer les oiseaux de mon jardin en hiver. C'est plus facile de distinguer leurs voix. J'ai ensuite perfectionné mes connaissances famille par famille, histoire de ne pas être noyée sous les informations. »

Nous avons rendez-vous au lever du soleil à Anderstad, un paradis pour oiseaux dans la vallée de la basse Nèthe. Nous avons à peine fait quelques pas que notre attention est déjà attirée par un petit oiseau qui picore des graines sur un roseau. Il ponctue son activité en ouvrant grand la bouche. « Nous allons beaucoup voir ces bruants des roseaux aujourd'hui », annonce Wout. « En hiver, les mâles et les femelles se ressemblent, mais maintenant que la saison de la reproduction est entamée, le mâle a une belle tête noire. Il chante pour faire la cour à sa femelle. »

Wout De Rouck observe les oiseaux à Anderstad

Un oiseau pour plusieurs sons

Voir un oiseau qui chante à travers des jumelles ou un télescope est un avantage indéniable. Enregistrer une voix sur notre disque dur interne est toujours plus facile quand on peut l'associer à un visage. « J'ai appris à identifier les oiseaux en allant me promener avec mon tonton quand j'étais petit, mais surtout en recherchant la source du bruit », explique Wout. « On commence par se concentrer sur le son et puis on sort ses jumelles dans l'espoir de repérer l'auteur du bruit. Si on réussit, on peut identifier l'oiseau grâce à un guide ornithologique. »

La difficulté, c'est que chaque oiseau n'émet pas un seul cri, mais plusieurs, continue Wout. « La plupart des oiseaux ont un chant et un cri. Ce sont surtout les mâles qui chantent pendant la saison des amours pour impressionner les femelles et marquer leur territoire. Les cris sont plutôt utilisés pour alerter les autres et pendant le vol. » Comme les oiseaux ne chantent pas toute l'année, les reconnaître peut être un véritable défi, explique Anna. « Le printemps, c'est comme suivre des cours intensifs, mais la saison est terminée avant que j'aie eu le temps de reconnaître tous les sons, et je dois attendre entre huit et dix mois avant de les entendre à nouveau. Il faut donc rafraîchir ses connaissances chaque année pour être efficace.»

 

 

Des chanteurs nés

Pendant notre promenade, nous avons effectivement vu beaucoup de bruants des roseaux qui tentaient de séduire des femelles, mais un autre bruit a particulièrement attiré l'attention de mes compagnons de route : « Vous entendez ces piaillements brefs de l'autre côté de l'étang ? C'est une bouscarle de Cetti. La plupart des gens prononcent "séti", mais ce passereau tient son nom d'un scientifique italien, et doit donc se dire "chetti". Il s'agit d'un petit oiseau brun que l'on voit rarement car il se cache au pied des roseaux. Mais son cri est très bruyant, impossible de le manquer. »

« Ecoutez, une panure à moustaches ! », chuchote soudain Wout. Je n'entends rien, même en me concentrant sur la direction d'où est censée provenir le bruit. Je ne sais absolument pas quel type de chant je dois écouter, ce qui n'aide pas. Wout dégaine alors son smartphone et me fait écouter une série de "chip chip". Nous nous approchons de l'oiseau, mais notre alpiniste des roseaux se fait discret.

De gauche à droite : bruant des roseaux, panure à moustaches et bouscarle de Cetti
De gauche à droite : bruant des roseaux, panure à moustaches et bouscarle de Cetti

Moyens mnémotechniques

La panure à moustaches est visiblement trop difficile à reconnaître pour moi, et nous nous concentrons donc sur des espèces plus faciles. Par exemple sur la sorte de rire qui retentit au-dessus de l'eau. « Il s'agit d'un grèbe castagneux », me dit Anna. « C'est le plus petit grèbe de Belgique. J'utilise souvent des moyens mnémotechniques pour retenir des sons. Pour le pouillot véloce, c'est facile : il fait un "tchif tchaf" rapide, il "chafète", en quelque sorte. Comme il parle très vite, cela me fait penser au mot "véloce" qui est dans son nom. On l'entend partout, mais peu de gens s'en rendent compte. Une fois qu'on le reconnaît, on se rend compte à quel point il est commun. »

Un groupe d'oies survole nos têtes et je me demande tout haut s'il est possible de différencier leur cancanement. Wout rit : « Bien évidemment qu'il y a une différence. L'oie cendrée produit un cancanement standard, tandis que l'ouette d'Egypte a une voix plus rauque. La bernache du Canada fait quant à elle un bruit de trompette. » Un peu plus loin, un cygne décolle, et chaque battement d'aile est accompagné d'un bruit de soufflet qui semble sortir de ses poumons. « On entend un battement d'aile simple et pur, et on ne peut pas se tromper en disant qu'il s'agit d'un cygne tuberculé. Le cygne chanteur et le cygne de Bewick ne font pas de bruit quand ils volent. »

Observation des oiseaux à Anderstad

Devoirs à domicile

Il m'est impossible de dire combien nous avons entendu de bruits d'oiseaux. Le petit son de flûte du martin-pêcheur, le rire du pic vert, les sifflements du pinson des arbres, le chant clair de l'accenteur mouchet, les "ti ta ti ta" de la mésange charbonnière... Anna me donne encore quelques astuces : « Lève-toi le plus tôt possible, c'est à ce moment que les oiseaux chantent le plus fort. Certains se remettent au travail le soir. Concentre-toi sur les espèces que tu vois chez toi et entraîne-toi à les reconnaître. Je pense que les CDs avec des chants d'oiseaux fonctionnent moins bien, car les sons sont trop "lissés". Dans la nature, on ne les entend jamais aussi bien. »

Dès à présent, je prendrai une demi-heure chaque matin pour apprendre à reconnaître les visiteurs de notre jardin. J'ai mis l'application et je l'ai remplacée par des jumelles. Je me promène dans l'herbe en guettant les oiseaux et je regarde avec attention chaque arbuste quand j'entends un volatile chanter. J'espère ainsi agrandir ma "liste mentale", lentement mais sûrement. Un travail de longue haleine, mais le plus important, c'est de s'y mettre !

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