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Le combattant varié élu véritable Prince Carnaval

Chaque année en février, les « ajoinen » (le nom des habitants d’Alost qui, en français, signifie « oignons ») célèbrent le carnaval avec des chars, des échassiers, des cornes et des cloches ! Pour certains fêtards, c’est une occasion de viser le titre de Prince Carnaval, pour d’autre une quête éventuelle d’un nouveau partenaire. Pour les combattants variés, c’est les deux. Parce que chaque printemps, les combattants variés mâles se préparent à l’affrontement pour séduire la plus belle femelle. Et leur costume de plumes joue un rôle plus important que vous ne le pensez. Les plumes font toute la différence !

Pendant la saison de reproduction, les combattants variés — aussi appelés Chevaliers Combattants — organisent l’élection du Prince Carnaval dans une arène à la végétation rase, appelée lek. Les mâles s’y défient dans une série de simulacres de combats. Ce sont avant tout les plumes qui détermineront celui qui remportera le titre.

Deux fiers combattants s’affrontent lors d’une fausse bagarre.
Deux fiers combattants s’affrontent lors d’une fausse bagarre.

La chance que vous rencontriez, en Belgique, des combattants variés en période de reproduction est malheureusement faible. La dernière reproduction réussie dans notre pays date de 2012. Deux poussins avaient été repérés dans les plaines du Kluizendok, provoquant une vague d’enthousiasme auprès des ornithologues amateurs locaux. En 1977, des combattants ont été libérés dans notre région et s’y sont reproduits. Un moment unique, car la fertilisation et l’agriculture intensives ont rendu très rare le nombre de lieux d’élevage appropriés dans nos contrées. En période de reproduction, on trouve encore des combattants variés sur un territoire allant de la Sibérie orientale au sud des Pays-Bas.

Suivez les observations les plus récentes en Belgique ici.

Une espèce d’oiseau, trois costumes différents

Selon leur costume, les combattants jouent un rôle différent dans le rituel de reproduction. La couleur et la taille de leur plumage sont particulièrement déterminantes. La majorité des combattants sont des mâles « résidents » (ou indépendants), qui se déclinent en différentes variantes de couleur. Ils défendent leur propre territoire (une zone d’environ un mètre carré d’herbe plate) sur le ring. Avec leurs plumes blanches et leur collerette tout aussi flashy, les mâles « satellites » sans territoire propre se promènent entre les territoires des autres mâles à la recherche de leur princesse. Enfin, il y a des mâles « périphériques », des figurants de l’évènement. Les périphériquesse se trouvent principalement autour de la scène et ne sont pas tolérés par les mâles résidents et satellites.

Il ne peut bien sûr y avoir qu’une seule star de la soirée. Et chez les combattants variés, pas de doute, ce sont ces périphériques appelés « fæders » qui remportent le titre. Ce groupe ne représente que 1% de tous les combattants, mais ces maîtres du déguisement excellent dans leur domaine. Les voil jeanetten ont encore beaucoup de choses à apprendre puisqu’en fait, ces faeders sont bel et bien des travestis ! En termes de taille et de plumage, il est difficile de distinguer les mâles des femelles. Mais l’erreur n’est plus permise si vous jetez un œil… aux testicules. Elles sont énormes. Ouaw !

Quel combattant varié sera élu Prince Carnaval ?

Lorsqu’une femelle fait enfin son apparition sur la scène, les rôles sont clairement définis. Les mâles résidents défendent leur territoire en se combattant. Les mâles satellites évoluent librement et mettent le paquet pour impressionner les femelles en adoptant un comportement macho plutôt nerveux. Mais vous savez bien comment ça se passe : si deux combattants se battent pour une femelle, c’est toujours le troisième qui l’emporte au final. C’est en tout cas ce que le fæder espère quand il se lance dans sa tournée de séduction.

Le fæder veille à s’assurer une descendance en adoptant une double tactique. Non seulement il ressemble à une femelle pour ne pas se présenter comme un concurrent pour les autres mâles. Mais en plus, il se comporte comme une femelle lorsqu’il fait la cour. En séduisant (et en induisant en erreur) les mâles résidents et les mâles satellites, il commence une danse d’accouplement avec ses homologues sexuels. Et il le fait aussi, en secret, avec les femelles !

Un groupe de combattants variés au bord d’un plan d’eau. Y aurait-il un fæder déguisé parmi eux ?
Un groupe de combattants variés au bord d’un plan d’eau. Y aurait-il un fæder déguisé parmi eux ?

Ce combattant au joli costume est donc non seulement bisexuel, mais aussi très intelligent. La taille de ses testicules provoque une production de spermatozoïdes abondante. Cette production lui permet de dépasser largement le nombre de spermatozoïdes produits par les autres mâles. Si le fæder se concentre d’abord sur ses partenaires sexuels, il laisse également du sperme dans le cloaque des autres mâles. De sorte que ceux-ci garantissent également que les spermatozoïdes du fæder fertilisent une femelle. Un bel exemple où déguisement théâtral, séduction et tromperie vont de pair. Pour nous, il n’y a aucun doute : le fæder est l’ultime Prince Carnaval !

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