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Le raton laveur : nuisible ou inoffensif ?

Masque noir entourant une petite frimousse au nez allongé, air un peu canaille, queue rayée et touffue… Vous l’avez reconnu, il s’agit bel et bien du raton laveur. Ce petit animal originaire d’Amérique du Nord est de plus en plus souvent observé dans nos contrées. Mais sa présence est-elle sans conséquence sur notre environnement ? Petit tour d’horizon pour faire sa connaissance et découvrir son impact en Belgique.

Fiche signalétique

Le raton laveur mesure en moyenne entre 60 et 100 cm queue comprise et pèse de3 à 9 kg, soit la taille et le poids d’un chat. Il est reconnaissable au masque noir autour de ses yeux et à son pelage gris parfois souligné de roux. Son appellation est issue de la croyance, fausse, selon laquelle il laverait ses aliments avant de les déguster. En réalité, ce comportement serait plutôt lié à la recherche de proies
aquatiques.

De nature curieuse et peu farouche, il s’approche volontiers des zones habitées, où sa population peut exceptionnellement monter jusqu’à 100 individus au kilomètre carré. Il vit principalement la nuit et son régime alimentaire très diversifié lui permet de se satisfaire aisément de toutes sortes d’aliments : baies, poissons, fruits à coque, mollusques, insectes, petits mammifères… Il peut même aller jusqu’à tenter sa chance dans les poubelles, les jardins ou les écuelles des animaux domestiques. Même s’il peut survivre dans un environnement plus urbain, il est plus courant de l’observer dans les zones boisées proches des cours d’eau. Ses empreintes sont très reconnaissables : leurs cinq doigts allongés et fins évoquent sans peine une petite main humaine pourvue de griffes. En matière d’habitat, ce mammifère s’adapte aussi très facilement à son environnement, ce qui lui permet de survivre depuis le froid canadien jusqu’aux régions plus chaudes du Panama. Il préfère cependant poser ses bagages en hauteur, comme dans le creux d’un arbre ou dans le nid d’autres mammifères. Si l’envie lui prend, il peut choisir de se loger dans les installations humaines, comme d’anciennes cheminées ou des greniers, et peut occuper plusieurs refuges.

Empreintes raton laveur

Ces petits animaux sont de nature solitaire ; les petits ne quittent généralement leur mère qu’au printemps suivant, lors de la naissance de la portée suivante, mais les groupes de ratons laveurs ne dépassent jamais les quelques individus, toujours issus d’une même famille. En automne, ils constituent des réserves et afin de former une couche de graisse qui atteint les 2,5 cm sur le dos. Bien qu’ils n’hibernent pas, ils sont inactifs en hiver et ne reprennent leurs occupations qu’en février pour la saison des amours.

Une espèce invasive ?

L’espèce a fait son entrée en Europe via le Land de Hesse (Allemagne) dans les années 1930, où elle a été introduite notamment pour le commerce de la fourrure. Plus tard, dans les années 1960, des soldats américains envoyés par l’OTAN ont, à l’instar de Pocahontas, emmené leurs petits compagnons au sein des bases européennes. Suite à la fermeture de fermes à fourrure, au départ des militaires et probablement à des libérations intentionnelles pour servir de gibier, les ratons laveurs ont été relâchés dans la nature et ont établi leur domicile dans plusieurs pays d’Europe, dont la Belgique. Présents principalement dans le sud et l’est du pays, ils se déplacent en suivant les cours d’eau et plusieurs individus ont été
repérés en Flandre.

Le raton laveur peut-il être considéré comme invasif ? Pour être reconnue comme telle, une espèce (animale ou végétale) doit réunir plusieurs critères : elle doit être étrangère à la région, y avoir été introduite volontairement ou par accident, se répandre rapidement et contribuer à un déséquilibre de l’environnement local.

Comme nous l’avons déjà vu, notre bandit masqué est bien une espèce exotique qui s’est répandue en Europe, et notamment en Belgique. De plus, ses ennemis naturels se font rares chez nous ; il ne compte ici que le renard roux, le chien et, dans une moindre mesure, le loup, dont la présence est encore trop faible dans notre pays pour réguler sa population. Son régime alimentaire très varié peut aussi menacer nos écosystèmes. Il se nourrit de proies similaires à celles des putois et des martres, représentant donc un compétiteur sur le marché alimentaire de ces deux mustélidés endémiques. Son goût prononcé pour les batraciens, les mollusques et même pour certains petits oiseaux nichant au sol en fait un redoutable prédateur. En effet, il peut mettre à mal la survie de la mulette perlière, une petite moule d’eau douce qui vit dans nos rivières et qui fait l’objet de divers projets de conservation partout en Europe.

En outre, ce mammifère de la famille des procyonidés est porteur de parasites et de maladies pouvant être transmis à l’homme ou aux autres animaux, comme la maladie de Carré, la rage ou encore l’ascaris du raton laveur (Baylisascaris procyonis), un petit ver intestinal responsable d’encéphalites.

Raton laveur

Pour ces diverses raisons, le raton laveur a été déclaré « espèce invasive » par le Conseil de l’Europe. Son importation, son commerce et son élevage sont interdits. Cependant, l’impact réel de l’animal est difficile à déterminer sur notre écosystème. Il ne semble pas réellement concurrencer les autres prédateurs, dont les populations ne diminuent pas de manière significative. Le nombre de ratons laveurs est estimé à 50 000 individus en Belgique, mais ce chiffre est difficile à étayer par des données suffisantes.

Par précaution, fermez hermétiquement vos poubelles si vous suspectez la présence de ratons laveurs ; ils sont très agiles et capables d’ouvrir des contenants mal fermés. Et surtout, n’oubliez pas que même s’ils sont adorables et relativement sociables, il ne s’agit pas d’animaux domestiques ; ils peuvent se montrer agressifs s’ils se sentent menacés.

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