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Les 10 questions les plus fréquentes sur les loups en Belgique

Au sein de la rédaction de Notre Nature, nous savons depuis longtemps que personne n'est insensible à la question du retour des loups en Belgique. Peu importe les nouvelles que nous transmettons – depuis les premières photos des louveteaux jusqu'aux affligeantes attaques de moutons –, les faits et gestes de nos loups provoquent les questions de nos lecteurs. Dans cet article, nous rassemblons vos questions les plus fréquentes et répondons de manière honnête et objective.

1. Pourquoi la rédaction de Notre Nature s'intéresse-t-elle au retour du loup ?

Nous nous sommes depuis lors habitués à l'idée de partager le pays avec des loups, mais il y a quelques années, l'arrivée de Naya et d'August – et plus tard, celle d'Akela  était une nouvelle sensationnelle. Nos loups étaient omniprésents dans les médias et nous attendions avec impatience la naissance de leurs petits. Cette belle histoire a connu une fin abrupte lorsque Naya a été retrouvée morte. Une dure nouvelle à encaisser pour les amoureux de la nature, mais nous devions nous rendre à l'évidence : tout le monde n'était pas aussi enthousiaste quant au retour du loup.

Les lecteurs attentifs ont sans doute remarqué que notre ton avait changé depuis cette époque. Alors que nous lancions des paris concernant les noms des petits de la toute nouvelle meute et que nous espérions confier l'un des rôles principaux de notre documentaire à Naya, nous avons décidé de jouer la carte de l'information après cette triste nouvelle.

Nous sommes toujours ravis quand nous recevons de bonnes nouvelles des familles de Noëlla et Maxima, mais nous nous préoccupons aussi du désarroi des éleveurs qui doivent à présent composer avec un nouveau super-prédateur. Nous trouvons donc qu'il est important d'informer nos lecteurs sur ce qui se déroule dans leur « jardin » : d'où viennent les loups ? Pourquoi ont-ils choisi notre pays ? À quoi ressemble leur vie de tous les jours ? Sont-ils dangereux ? En faisant mieux connaître leur comportement et leurs habitudes, nous contribuons à la création d'une base respectueuse et pacifique pour cohabiter avec cette (nouvelle) espèce.

2. Ne pouvons-nous simplement laisser les loups tranquilles ?

Certains souhaiteraient que nous communiquions le moins d'informations possibles sur les loups : laissez-les tranquilles, n'en parlez pas, ne donnez pas des idées à ceux qui les détestent... Nous ne souhaitons pas pratiquer la politique de l'autruche, car chacun que l'on aime les loups ou non mérite d'avoir des informations correctes. Nous nous basons sur les informations communiquées par l'Agence flamande de la Nature et des Forêts et par l'Institut flamand pour l’Etude de la Nature et des Forêts qui tentent d'analyser le comportement des loups en tant qu'espèce, et en particulier celui des loups belges.

Nous sommes également très attentifs au respect de leur vie privée. Lorsque nous montrons des photos des meutes belges, nous ne divulguons jamais l'environnement précis où ces photos ont été prises. Nous partageons donc des informations sans mettre en danger la vie des loups.

3. Pourquoi les amoureux de la nature sont-ils contents que les loups reviennent ?

Le loup réveille de nombreuses émotions, que ce soit de la part de personnes qui se réjouissent de son retour ou des personnes critiques – à raison – sur la venue d'un super-prédateur dans notre pays. Le point de vue des amoureux de la nature est clair : ce prédateur imposant est la cerise sur le gâteau qui couronne tous les efforts entrepris au cours de la décennie précédente pour agrandir les zones naturelles et les relier. Qu'une espèce aussi exigeante que le loup trouve nos régions suffisamment adaptées pour s'y reproduire est un compliment. De plus, ce retour prouve la force de la nature, un message qui apporte de l'espoir à une époque où les actions contre le changement climatique et les efforts en faveur de la biodiversité sont prioritaires.

Mais le loup est également synonyme de défis, car nous nous étions habitués à façonner le paysage selon nos désirs. Le caractère imprévisible du loup – où il apparaitra, quels animaux il mangera et quand il causera des problèmes – nous donne l'impression de perdre le contrôle. En apprenant à connaître l'animal et par conséquent en rendant ses actions plus prévisibles, nous espérons que la compréhension et le respect pour l'espèce naîtront au sein du débat.

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4. Les loups ont-ils été réintroduits ?

Il s'agit d'une légende urbaine qui ressort sous chaque post concernant les loups : les animaux auraient été réintroduits par l'homme et devraient donc être éliminés par l'homme. Rien n'est moins vrai : ce soi-disant retour « soudain » a été une véritable surprise pour tous les amoureux de la nature. Le loup revenait déjà peu à peu dans les pays limitrophes. Les analyses ADN et les données récoltées par le collier de notre première louve Naya (morte en 2019) ont permis aux scientifiques de déterminer l'origine exacte de tous « nos » loupes et de reconstituer leur route.

5. Les loups ont-ils leur place en Belgique ?

Jusqu'à la fin du XIXe siècle (certaines sources parlent même du début du XXe siècle), le loup faisait autant partie de notre nature que le lapin, le chevreuil et le sanglier. Il a disparu de nos contrées simplement parce qu'il n'y était pas le bienvenu – comme dans beaucoup de pays d'Europe. Pour comprendre les circonstances qui ont mené à sa disparition, il faut se remettre dans l'esprit de l'époque : on chassait davantage, le loup avait moins de proies à sa disposition, il cherchait de la nourriture là où il pouvait la trouver (à proximité des hommes) et les clôtures électriques pour protéger le bétail n'existaient pas. La situation a bien changé depuis.

Le loup a donc officiellement droit à son statut d'indigène, car il vivait à l'origine dans notre pays et est revenu de son propre chef. De plus, il bénéficie aujourd'hui de la plus haute protection accordée aux espèces sauvages grâce aux mesures européennes qui protègent son habitat. Comme plusieurs loups ont choisi notre pays pour y fonder une famille, nous devons leur laisser une chance. Nous n'avons aucune raison de chasser les loups simplement parce que leur présence nous met mal à l'aise, car d'autres loups reviendraient et ne feraient que passer pendant leur recherche d'un territoire adapté. Leur reproduction réussie, que ce soit en Flandre ou en Wallonie, prouve que les loups ont leur place en Belgique.

6. Y a-t-il assez de place pour une (ou plusieurs) meute(s) en Belgique ?

Notre pays compte évidemment assez d'espace pour le loup, car nous n'aurions pas deux meutes (dans le Limbourg et dans les Fagnes) si ce n'était pas le cas. Tant que la nourriture est présente en suffisance et que les loups ne sont pas chassés par l'homme, ils se sentent à leur place. Si l'espace ou la nourriture venaient à manquer pour permettre à nos meutes de survivre, les loups chercheraient un nouveau territoire (ou ne s'installeraient tout simplement pas ici).

7. Que se passera-t-il si de nouveaux loups naissent chaque année ?

Les loups régulent eux-mêmes leur nombre : ils ne seront jamais plus nombreux que ce que la région peut accueillir. Une meute – c'est-à-dire le couple dominant et leurs petits, et parfois les petits de l'année précédente – qui dispose d'un territoire de 400 kilomètres carrés (environ 20 km sur 20 km) compte maximum 10 individus. Si la région est trop petite, les jeunes loups quittent la meute et parcourent des centaines de kilomètres, voire plus de mille, pour fonder leur propre famille ailleurs.

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8. Les loups attaquent-ils l'homme ?

Malgré les contre-expertises des biologistes qui étudient l'espèce depuis des décennies, le loup est toujours lié au « syndrome du Petit Chaperon Rouge ». Si presque plus personne ne croit aux lutins qui vivent dans des champignons, aux crapauds qui se transforment en princes ou aux sirènes, la frontière entre réalité et fiction semble moins facile à tracer dans le cas du loup. Cet animal est encore trop souvent considéré comme un meurtrier d'enfants sans pitié, même si les loups évitent l'homme par nature : ils nous sentent et nous entendent bien longtemps avant de nous avoir repérés et tentent alors de ne pas se faire remarquer.

Il serait également faux de dire que les loups n'attaquent jamais l'homme, mais les études prouvent que ces attaques ne se produisent que dans certains cas spécifiques et survenaient plus souvent autrefois qu'à l'heure actuelle pour différentes raisons :

  • Les loups qui s'attaquaient à l'homme étaient souvent infectés par la rage (qui a été éradiquée de notre pays), une maladie qui les poussait à attaquer tout ce qui bougeait
  • Les enfants étaient autrefois employés comme bergers pour le bétail, même la nuit, et représentaient des proies faciles. Plus personne ne laisse de jeunes enfants jouer seuls dans les bois pendant la nuit aujourd'hui.
  • Les loups recherchaient des régions urbanisées pour trouver de la nourriture sous forme de déchets et de bétail car il y avait beaucoup moins de gibier. Les chances qu'ils soient surpris par l'homme étaient aussi beaucoup plus élevées.

9. Devons-nous avoir peur de la proximité des loups ?

Si le loup se méfie des hommes, nos infrastructures le laissent de marbre. Il n'est donc pas anormal qu'il soit aperçu sur nos routes ou près des fermes. Son comportement est comparable à celui des chevreuils : les cervidés ne recherchent pas le contact de l'homme, mais ils traversent les routes et sont souvent observés dans les bois. La Belgique (en particulier la Flandre) est très peuplée, il est donc logique que la meute limbourgeoise soit de temps à autre aperçue et même filmée. Si les loups wallons vivent dans une région moins peuplée, les Fagnes ne sont toutefois pas exemptes d'habitants et les loups peuvent donc aussi y être aperçus.

10. Est-ce possible de protéger le bétail des loups ?

Si les hommes peuvent se sentir en sécurité avec des loups dans les parages, il n'en va pas de même pour le bétail. Les chevreuils et sangliers composent heureusement 90 % du menu des loups, mais si ces canidés peuvent trouver une proie plus facile, ils ne vont pas se priver. Pour éviter que les loups ne s'attaquent de plus en plus aux moutons, aux daims et aux poneys, il nous faut les protéger du mieux que nous pouvons, c'est-à-dire en posant une clôture électrique. Plus nous protégerons d'animaux de cette manière, plus les loups auront tendance à associer ces proies apprivoisées aux chocs électriques. Ils développeront ainsi une répulsion intrinsèque envers le bétail et se concentreront à nouveau sur le gibier, leur spécialité. Vous pouvez obtenir de plus amples informations sur ces clôtures auprès des bénévoles de la Wolf Fencing Team, une initiative du WWF, de Natuurpunt et de Natagora. Vous vivez dans une région à risque ? Vous pourrez profiter d'un soutien financier pour placer vos clôtures et d'une indemnisation en cas de dégâts.

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