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Les abeilles et leurs préférences

Plus de 400 espèces d'abeilles et bourdons ont élu domicile dans notre pays. Chacune a ses propres caractéristiques et son apparence unique, mais aussi un style de vie totalement différent. La plupart de nos abeilles sauvages sont solitaires et ne comptent sur personne pour chercher leur nourriture et construire leur nid. Elles s'alimentent grâce au nectar et nourrissent leurs larves de pollen. Certaines abeilles sont difficiles que leur survie dépend entièrement d'une seule plante.

Des abeilles spécialisées

Plus de la moitié de nos abeilles sauvages sont dans le pétrin, et celles qui ne s'intéressent qu'à une seule plante ou à seulement quelques espèces rencontrent des difficultés supplémentaires. Ces abeilles sont qualifiées de « monolectiques » ou « oligolectiques » ; les plantes dont elles se nourrissent sont appelées « plantes hôtes ». Leurs cycles de vie doivent donc être parfaitement coordonnés pour assurer la survie des deux espèces. Durant leur période d'activité, les abeilles volent de fleur en fleur pour trouver suffisamment de nourriture afin de pouvoir se reproduire. Mais leur survie n'est assurée que si leur plante hôte est en fleur. Les andrènes associées au saule doivent donc s'activer très tôt dans l'année, à savoir dès que les chatons surgissent. Le cycle du chélostome des campanules dépend de la floraison de la plante du même nom et l'andrène de la scabieuse doit être prête pour l'apparition des scabieuses des champs. Quand la floraison d'une plante hôte est perturbée ou décalée, ou encore que le végétal disparaît de nos régions, l'abeille qui y est liée en meurt.

Andrène de Clark sur un chaton de saule
Andrène de Clark sur un chaton de saule

What’s in a name?

Il est souvent aisé de déterminer la plante hôte d'une espèce d'abeille, car le nom du pollinisateur y est souvent lié. Voici quelques exemples d'abeilles spécialisées dans un certain type de végétaux. Chacune entretient une relation toute particulière avec sa plante hôte, maintenue par un équilibre fragile.

Andrène de la scabieuse

Cette abeille de grande taille (photo de couverture) s'est hélas raréfiée en Belgique, et sa régression est fortement liée à celle de sa plante hôte, la scabieuse des champs (Knautia arvensis). Ces insectes sont présents en masse aux mêmes endroits afin de pouvoir rassembler suffisamment de nectar. L'andrène de la scabieuse quitte rarement sa plante hôte et ne tente même pas de trouver un chemin vers une nouvelle source de pollen. Pour offrir de meilleures chances de survie à cette abeille, nous devons adapter notre façon de moissonner. Les scabieuses des champs sont fauchées avant d'avoir eu le temps de fleurir, ce qui est particulièrement néfaste pour notre andrène, premièrement car elle ne peut plus trouver de nourriture et deuxièmement car la plante n'a pas eu le temps de former des graines et n'a donc eu aucune chance de se reproduire. Les scabieuses des champs et les andrènes de la scabieuse sont encore présentes dans la vallée de la Meuse, en Hesbaye, en Ardenne et dans la vallée de la Dyle.

Andrène de la myrtille

Les abeilles pollinisent rarement les baies, mais celle-ci est l'exception qui confirme la règle. L'adorable andrène de la myrtille se plaît dans les bois où de nombreuses baies poussent, par exemple dans les Fagnes, entre la mi-avril et la mi-mai. Si vous croisez une femelle en plein travail, vous constaterez qu'elle est couverte de pollen de myrtille.

Collète du lierre

La collète du lierre se nourrit, comme vous pouvez vous en douter, de lierre. Cette abeille est originaire du Sud et apparaît de plus en plus souvent dans les régions urbaines, où elle bâtit son nid au sol. Les mâles et les femelles sont presqu'identiques, mais en y regardant de plus près, vous remarquerez que l'abdomen des mâles comprend sept segments, alors que celui des femelles n'en compte que six. Les larves survivent grâce au pollen du lierre. Les parents sont heureusement moins tatillons et peuvent également jeter leur dévolu sur les chardons ou l'origan. La collète du lierre est présente de fin août à la mi-octobre, période de floraison du lierre.

Andrène de la bryone

Cette andrène utilise le nectar et le pollen de la bryone. Elle peut s'adapter à différents biotopes, du moment que sa plante hôte soit présente. Cette espèce est assez commune à la côte, à l'est de Bruxelles et en Wallonie, mais reste plus rare dans le reste de la Flandre.

Mélitte de la lysimaque

Cette petite abeille robuste moins poilue que ses cousines s'est spécialisée dans les lysimaques. Elle se rencontre dans tout le pays, aux endroits humides où poussent les lysimaques et où peu d'autres abeilles ont élu domicile. Les femelles mélittes de la lysimaque présentent des poils blancs sur les pattes. Heureusement, cette abeille ne se nourrit pas seulement grâce à la lysimaque ponctuée et à la lysimaque à fleurs en épis, plutôt rares, mais peut aussi compter sur la lysimaque commune.

Donnez une chance à ces spécialistes

Les abeilles listées ci-dessus ne sont que quelques-unes des espèces vulnérables dont la survie est liée à une seule plante ou à peine quelques-unes. Le chélostome des renoncules, l'hylée de l'ail, la mélitte de l'euphraise, l'osmie crochue (plante hôte : la vipérine commune), la mélitte de la salicaire et bien d'autres pollinisateurs passent leur temps à chercher la plante qui assurera leur survie. Nous pouvons nous aussi les aider en rendant nos jardins plus sauvages et en favorisant les plantes indigènes. Au revoir la pelouse tondue à ras et les haies bien taillées, bonjour les bordures fleuries et les arbustes de nos régions !

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