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Les animaux ressentent-ils la douleur ?

Le monde scientifique n'a pas fini de débattre sur la sensation de douleur chez les animaux. Nous pensons intuitivement que les animaux « supérieurs » comme les mammifères et les oiseaux ressentent effectivement la souffrance : ils lèchent leurs blessures, évitent les situations douloureuses et peuvent même prendre consciemment des antidouleurs. Mais comment ressentent-ils cette sensation ? Est-elle comparable à notre expérience quand par exemple nous marchons sur un clou ? Nous ne le saurons jamais, mais l'état actuel des recherches est par contre résumé dans cet article.

Qu'est-ce que la douleur ?

La douleur a été définie en 1979 par l'Association internationale pour l'étude de la douleur comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable qui se produit lors de l'endommagement (potentiel) des tissus ». Cette sensation désagréable est provoquée quand les « nocicepteurs » sont stimulés. Ces terminaisons nerveuses se sont spécialisées dans la perception des stimuli nuisibles tels que la pression, la chaleur ou les substances chimiques.

Quand ces récepteurs sont activés, ils envoient un signal au cerveau via la moelle épinière : « Attention, il y a quelque chose qui cloche ! » Ce n'est qu'à partir de cet instant que nous ressentons la sensation émotionnelle et consciente liée à la douleur. La douleur est donc un mécanisme de prévention primordial qui préserve les animaux des influences nuisibles. Les stimuli douloureux permettent aux animaux d'éviter des dangers potentiels, non seulement au moment où ils ressentent la douleur, mais également s'ils viennent à se retrouver dans une situation similaire.

Les grimaces de souffrance des mammifères

Nous ignorons si les autres mammifères ressentent la douleur de la même manière que les humains, mais impossible de nier qu'ils ressentent un malaise lorsque leur corps est exposé à un danger. Leurs sensations sont même souvent visibles : ils boitent pour soulager une articulation douloureuse, lèchent parfois leurs blessures pour les nettoyer ou se retirent dans un abri secret.

Les scientifiques supposent également que la sensation de douleur chez les mammifères est semblable à celle ressentie par les humains, car leur système nerveux est très similaire au nôtre. Les expressions faciales des animaux peuvent même refléter leurs sensations, ce qui a été étudié en long et en large chez les animaux domestiques. Ces constatations ont permis de créer une « échelle de grimace » (ou score de grimace) spécifique à chaque espèce, soit une liste des expressions faciales associées à une douleur d'une intensité donnée. Si vous constatez qu'un cheval a les yeux mi-clos, les naseaux humides et les mâchoires crispées, l'échelle de grimace permet de dire qu'il ressent effectivement de la douleur.

Même si les proies évitent de montrer leur douleur, elle peut parfois se lire sur leur visage
Même si les proies évitent de montrer leur douleur, elle peut parfois se lire sur leur visage

Que ressentent les autres vertébrés ?

Chez les oiseaux, les reptiles, les amphibiens et les poissons, la douleur est beaucoup plus difficile à reconnaître, simplement parce que leurs muscles faciaux sont moins nombreux et ne nous permettent donc pas d'interpréter leurs expressions. Cela ne signifie pas pour autant qu'ils ne peuvent rien ressentir : leur structure anatomique contient tous les éléments nécessaires pour éprouver de la souffrance comme nous.

La preuve : tous les vertébrés – ​même les poissons – évitent les stimuli douloureux dans la nature et réagissent moins à ces stimuli quand ils sont sous l'influence d'analgésiques. Des études ont démontré que les poules dont une patte est douloureuse choisissent d'elles-mêmes le distributeur de nourriture contenant des antidouleurs pour soulager leur mal, ce qui nous permet de conclure qu'elles ont conscience de leur souffrance.

La différence entre douleur et nociception

Si nous observons les invertébrés de plus près, nous nous heurtons à un problème, car il existe une différence nette entre « nociception » – soit le fait d'éviter les stimuli dangereux – et la sensation émotionnelle de « douleur ». La première notion apparaît chez tous les animaux, même s'ils ne sont pourvus que d'un système nerveux simplifié, mais seuls les animaux plus « évolués » (comprenez : les vertébrés) sont capables de prendre conscience et de reconnaître un danger en éprouvant de la douleur, car ce mécanisme est bien plus complexe.

Il semblerait pourtant que certains invertébrés ressentent une sensation similaire à la douleur. Les huîtres, par exemple, se retirent dans leur coquille quand elles ressentent un stimulus nuisible, mais il s'agit plus vraisemblablement ici d'un simple réflexe lié à la nociception que d'une sensation d'inconfort et de souffrance. Les invertébrés plus intelligents tels que les pieuvres ont en revanche une réaction, par exemple lorsque l'un de leurs tentacules est endommagé. Elles enroulent alors leur bras blessé pour le protéger mais l'utilisent comme si de rien n'était quand elles chassent. Leur réponse à la douleur semble donc davantage consciente que chez l'huître, ce qui laisserait à penser que leur faculté à ressentir la douleur est aussi plus élevée.

Les crustacés ont aussi fait douter les êtres humains pendant des années. Nos congénères – et particulièrement les cuisiniers – se sont mis d'accord pour conclure que ces animaux ne ressentaient pas la douleur, mais de récentes études démontrent que ces invertébrés peuvent rechercher ou éviter consciemment les sensations désagréables en fonction de ce qu'ils ont à y gagner. Les plonger vivants dans l'eau bouillante car ils seraient « insensibles » n'est donc ni plus ni moins qu'une forme de pratique barbare qui devrait être abolie.

En ce qui concerne leur expérience de la douleur, les insectes sont de vrais "badass"
En ce qui concerne leur expérience de la douleur, les insectes sont de vrais "badass"

Les insectes peuvent-ils ressentir la douleur ?

Nous terminons ce tour d'horizon par les insectes, dont nous savons qu'ils ressentent une forme de douleur qui va un peu plus loin qu'une simple réaction physique. Ces découvertes ont été mises au jour en mesurant leur taux d'hormone du stress lorsque leur corps était exposé à une sensation violente. Suite à une expérience douloureuse, les insectes évitaient les situations dangereuses. De plus, leurs réactions ont montré un changement quand ils étaient placés sous analgésiques.

Et pourtant... les insectes sont de vrais badass. Vous avez peut-être déjà vu une vidéo d'un insecte dont l'abdomen se faisait broyer alors qu'il continuait à manger avec appétit. De plus, les insectes boitent rarement et continuent d'appliquer la même pression sur une patte blessée que sur leurs autres membres. Nous pouvons donc certifier que les insectes montrent moins d'émotions lorsqu'ils souffrent, même s'ils sont capables de réagir consciemment. Faites donc preuve de compassion la prochaine fois que vous aurez l'occasion de choisir entre les écraser ou les laisser partir.

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