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Yves Adams

Les cigognes peuvent-elles réellement porter des bébés ?

Nous connaissons tous cette image très populaire d’une magnifique cigogne blanche transportant un nourrisson dans son bec. Mais notre oiseau serait-il physiquement capable d’un tel exploit ? Notre Nature vous répond !

Qui n’a jamais entendu parler de cette légende selon laquelle les cigognes apporterait les bébés aux futurs parents ? Dans la culture populaire, elle est omniprésente : cartes, films… Peut-être l’avez-vous même entendue de la bouche de vos propres parents avant la naissance de votre petit frère ou petite sœur. Avec le recul – et la réflexion d’adulte – il nous est devenu évident que les bébés n’apparaissaient pas comme par magie. Mais d’où vient ce mythe ? Il s’agit d’une légende alsacienneapparue au XIXe siècle, probablement vers 1850, qui s’est ensuite propagée à la France, puis à l’Europe et enfin dans le reste du monde.

Origines de la légende

Selon la légende, les femmes qui désiraient avoir des enfants faisaient un vœu au-dessus d’un « Kinderbrunnen », qui se traduit littéralement par « puits à enfants ». Ce puits était habité par un gnome à la barbe blanche, qui réalisait le souhait en allant pêcher une âme d’enfant dans un lac souterrain censé se trouver sous la cathédrale de Strasbourg. Une fois le bébé attrapé, il le déposait au bord du puits, où une cigogne blanche venait le chercher pour l’apporter dans sa nouvelle famille. Le mythe mettant en scène les cigognes a également été popularisé par Hans Christian Andersen. Cependant, le symbolisme de la cigogne est beaucoup plus ancien ; pour les Grecs et les Romains, elle était associée à Héra/Junon, déesse du mariage et de la maternité. Elle était également la messagère de la déesse germanique Hulda qui était chargée d’insuffler une âme dans le corps d’un nouveau-né. Chez les Slaves, la cigogne blanche apportait aussi les âmes à Iriy, le « paradis », et remplissait donc un rôle de psychopompe (transporteuse d’âmes). Les Egyptiens associaient également la cigogne – africaine cette fois – à l’âme, le Bâ. Les anciens Germains l'appelaient « Eidebar », ce qui signifie « porteuse de chance » ou « porteuse de vie ». Ce surnom provient des anciennes traditions ; autrefois, les mariages avaient lieu en été, à la fin du mois de juin. Il n'était alors pas rare qu'un bébé suive en mars ou en avril – précisément quand les cigognes rentraient de leur voyage hivernal. Pas étonnant que le folklore les ait reprises pour donner vie aux bébés ! 

Mais quelle est la force de la cigogne ?

Après cette pause culturelle, revenons-en à la question qui nous occupe : la cigogne blanche a-t-elle la force nécessaire pour transporter un bébé dans son bec ? Une cigogne mesure entre 150 et 200 cm d’envergure en moyenne pour un poids de maximum 4,5 kg. Cela signifie qu’il lui faudrait porter le double de son poids (sa propre masse plus celle du nourrisson) pour pouvoir décoller avec un bébé. Ses ailes longues et larges lui permettent de planer sur les courants thermiques ascendants, et lors de sa migration, elle préférera parcourir une distance plus longue pour bénéficier des courants présents sur un autre itinéraire afin d’économiser de l’énergie. Conclusion : les cigognes ne s’encombreraient pas d’un tel poids pour voler. Autre élément qui discrédite ce mythe : la charge alaire de la cigogne. La charge alaire d’un oiseau est le rapport entre sa masse et la surface portante de ses ailes, c’est-à-dire la masse que l’air peut porter pour que l’oiseau soit capable de voler. Chez la cigogne, ce rapport est de 6,3 kg/m2… Si elle devait porter le double de son poids pour décoller – qui plus est, mal réparti – elle n’irait pas très loin !

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L’effondrement de cette légende vous déçoit ? Il existe une étude scientifique prouvant que les naissances augmentent quand les cigognes nichent dans les environs. Bien entendu, cette étude est humoristique ; son but est de montrer que les études menées sur les croyances populaires peuvent sembler réelles lorsqu’elles sont secondées par des coïncidences et de mauvaises références.

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