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Les épicéas wallons attaqués par les scolytes, une menace pour nos forêts!

La forêt wallonne, présente sur 30 % du territoire de notre belle région, fait partie intégrante de notre patrimoine et façonne notre paysage. Les épicéas, reconnaissables par leur silhouette étroite et conique, l’occupent en nombre (environ 34 %) depuis la fin du XIXe siècle. Suite à un été particulièrement chaud en 2018, l’apparition du scolyte a tout changé. Ce petit coléoptère d’environ 5 millimètres peut paraître inoffensif au premier abord mais il est pourtant à l’origine d’une crise importante qui dure depuis 3 ans dans le secteur forestier.

 

Lorsque les arbres sont en bonne santé, les scolytes jouent un rôle favorable dans la décomposition des bois morts ainsi que dans la régénération forestière. Cependant, c’est davantage sous l’apparence de parasites ou d’insectes ravageurs qu’ils prolifèrent aujourd’hui. Les conditions climatiques, chaudes et sèches, enregistrées au cours des dernières années en Europe ont provoqué chez les arbres un stress dit « hydrique » - terme employé lorsque les ressources en eau sont inférieures à la demande -. Ce stress a entrainé la sécrétion d’une hormone au pouvoir attractif sur ces insectes qui ont alors pu s’attaquer aux arbres affaiblis, et s’y reproduire en abondance. 

Ils y creusent un réseau de galeries où ils pondent une multitude d’œufs qui, pour se nourrir, absorbent la sève de l’arbre et le dessèchent. La population atteint parfois le nombre de 10.000 individus et, plus tard dans l’année, les jeunes scolytes quittent le groupe pour coloniser d’autres conifères. La propagation ne fait donc que s’accentuer à chaque nouvel arbre touché. Grâce à des saisons plus chaudes et à un hiver plus doux, ces parasites hibernent beaucoup moins longtemps sous l’écorce et parviennent à prendre jusqu’à 3 envols par année. En 2020, le premier a d’ailleurs eu lieu au mois d’avril. Les dommages étaient estimés, en novembre dernier, à 500.000 épicéas touchés, une véritable calamité.

 
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Comment s’y prendre ?

Un arbre, une fois contaminé, est condamné à mourir et à voir son bois se dégrader. Suite à de nombreux témoignages, les autorités n’ont eu d’autre choix que d’imposer l’abattage et l’évacuation des épicéas scolytés pour tenter d’enrayer - ou en tout cas de ralentir - cette propagation. Plus facile à dire qu’à faire… si la crise touche les forêts publiques, elle n’épargne pas non plus les terrains privés - en forêt ou dans les parcs - dont les propriétaires ne sont parfois conscients ni du problème, ni de leur obligation d’évacuer les arbres malades. Pour les épicéas des jardins, il n’existe aucune obligation particulière mais il est grandement recommandé de prendre toutes les mesures nécessaires si on veut limiter les dégâts. Si vous souhaitez agir, il est important d’être attentif à l’état de votre arbre. Sa contamination peut être décelée par différents signes tels que le roussissement du feuillage, la chute des aiguilles, l’écoulement de résine, la présence de petits trous dans l’écorce et son décollement. Si vous repérez un ou plusieurs de ces symptômes, alors il vous est fortement conseillé de contacter le 084.46.03.55 ou de vous rendre sur le sitescolytes.be, vous y trouverez de plus amples informations. L’ébranchage et l’écorçage sont recommandés si l’évacuation ne peut se faire dans un bref délai.

 

D’énormes pertes pour tout un secteur

Le contrecoup de ce désastre s’est assez vite fait ressentir dans les domaines forestiers. En effet, pour la Wallonie, ce marché a toujours été très lucratif et ne cesse malheureusement de voir ses revenus diminuer. L’effondrement des prix est principalement dû à la qualité des bois malades et à l’augmentation de leur nombre sur le marché, suite à l’obligation légale de couper les infestés. Les principales victimes de ce fléau sont les communes, dont la richesse dépend souvent de l’exploitation forestière et qui la voient parfois divisée par 8. La Wallonie a décidé d’octroyer aux plus touchées d’entre elles des prêts de trésorerie sans charge d’intérêts. 

Pour d’autres, en revanche, la baisse des prix des bois s’est révélée profitable. Les Chinois, par exemple, ont pu investir là où cela était plus compliqué auparavant. Ainsi, le bois scolyté était évacué et ne pourrissait pas dans nos forêts. Mais c’était sans compter sur l’épidémie de Covid-19 et sur son confinement qui ont stoppé net l’exportation, provoquant un surplus de bois. Financièrement parlant, cette année s’annonce déjà compliquée.

 

Une alternative en vue ?

Mais n’y aurait-il pas une petite lueur d’espoir pour nos forêts dans ce paysage négatif ? Eh bien si ! Pour Charles Debois, régisseur du domaine d’Haugimont de l’Université de Namur, il s’agit même d’une opportunité à saisir. Comme il l’explique dans un article de Daily Science, les épicéas se développent mieux dans un environnement frais et arrosé. En Wallonie, seules les hauteurs ardennaises offrent ce type de climat, les zones plus basses étant trop exposées à la chaleur et à la sécheresse. La question à se poser est la suivante : ne vaut-il pas mieux replanter des arbres mieux adaptés aux conditions climatiques actuelles ? C’est le cas pour le chêne qui est capable de se développer dans nos contrées en produisant des glands en grande quantité, comme constaté au domaine d’Haugimont. De plus, l’action de replanter des chênes chez nous ne coûte pas un sou et est à la portée de tous. Lors d’une balade en forêt, il vous suffit de regarder attentivement le sol pour repérer les glands et les ramasser. Vous pourrez ensuite creuser un trou de 5 centimètres, placer trois d’entre eux au fond de celui-ci, et répéter l’opération tous les 2 mètres. Une initiative tant amusante que bénéfique qui permettra peut-être aux chênes, renommés pour leurs bois de qualité et leurs services écosystémiques, de gagner notre belle nature verte.

La nature nous prouve une fois de plus qu’à tout problème elle trouve une solution, tout en gardant à l’esprit que nous avons chacun notre part de responsabilité dans ce phénomène de réchauffement climatique qui est à l’origine de ce fléau.

 

En savoir plus sur les scolytes ici:
http://www.scolytes.be/
http://www.scolytes.be/documents/recommandations-scolytes-printemps-2020.pdf

 

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