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Mouette tridactyle
Mouette tridactyle
Yves Adams

Si les oiseaux pouvaient parler …

Nos ancêtres avaient pour habitude d’observer les phénomènes naturels pour prédire l’avenir. Les augures romains interprétaient à cette fin les auspices, dont le nom est dérivé d’avis, avis (l’oiseau) et specere (regarder). Ce terme est toujours employé comme synonyme de circonstances ou de présages. De nos jours, ces pratiques ne sont plus d’usage en Occident car elles sont considérées comme de simples croyances. Mais savez-vous qu’il est toujours possible de prévoir la météo en observant le comportement des oiseaux ? Il suffit de décrypter les codes…

Des croyances pas si bêtes

De tous temps, de nombreux peuples ont appris à déceler dans le comportement des animaux, et en particulier des oiseaux, divers indices prodiguant foule de renseignements.  La langue française fourmille d’ailleurs de proverbes à ce sujet : « Hirondelle volant haut, le temps sera beau ; hirondelle volant bas, bientôt il pleuvra », « Quand vole bas l’aronde, attends que la pluie tombe »... Le vol des oiseaux peut-il réellement nous aider à deviner quel temps il fera ? La réponse est oui ! 

Dans certaines parties du globe, les agriculteurs utilisent encore ces techniques pour organiser leur travail ; une étude indienne réalisée sur 110 personnes[1] a prouvé que ces dernières pouvaient prédire le temps en observant les comportements des animaux. L’ensemble des connaissances acquises par différents peuples suite à l’observation de la nature se nomme ITK pour Indigenious Technical Knowledge (Connaissance technique indigène). En Inde par exemple, le comportement anormal d’oiseaux (cris inhabituels, vol à plus basse altitude) annonce la saison des pluies et le tisserin baya peut même signaler si la mousson sera bonne en fonction de l’endroit où il bâtit son nid.

 
Un tisserin baya construisant son nid. Plus il est loin du niveau de l’eau, plus la mousson sera bonne.

En 2014, des chercheurs américains ont constaté la fuite soudaine d’un groupe de parulines à ailes dorées dans le Tennessee alors qu’a priori, rien n’indiquait des conditions défavorables. Quelques jours plus tard, des tornades ont ravagé la région. D’après les scientifiques de l’Université de Californie à Berkeley, cette espèce peut percevoir des fréquences sonores qui sont inaudibles pour nous et est capable de prévoir le danger de cette façon.

Apprendre à « lire » la météo

Si certains peuvent déterminer quel temps il fera grâce aux oiseaux, pourquoi pas vous ?

Lorsque la pluie arrive, l’humidité de l’air augmente en altitude. De fines gouttelettes vont s’insérer entre les molécules d’air, à ce moment plus espacées, et la pression va chuter. Si les oiseaux volent à une altitude supérieure à 0,5 km, l’eau va alors se coller sur leur plumage. La chute de pression et l’humidité vont les déséquilibrer et les incommoder : ils rencontreront davantage de difficultés à voler correctement. Pour cette raison, ils préfèreront se rapprocher du sol. À l’inverse, l’air sec, plus dense, indique un beau temps continu et pousse les oiseaux à remonter vers les nuages. Si les hirondelles volent bas avant les dépressions, c’est pour suivre les insectes qui vont se rapprocher du sol, ces derniers adoptant cette attitude pour se mettre à l’abri de l’air froid et de l’humidité. Les mouettes, quant à elles, vont s’abriter sur les côtes lorsqu’une tempête approche tandis que certains oiseaux fuient. Les poules vont, à l’instar d’autres espèces, prendre des bains de sable avant la pluie. Les volatiles ont tendance à attendre le beau temps pour se nourrir ; s’ils cherchent des proies pendant un orage, c’est qu’ils n’ont pas d’autre choix. N’espérez donc pas voir la fin de cette perturbation de sitôt. 

L’hirondelle est une météorologue hors-pair. Photo : Natagora.

Les pinsons, les rouges-gorges et les pies possèdent aussi de bons capteurs de température. Observez-les : si une vague de froid approche, ils vont se réfugier près des habitations. Le vanneau huppé voyage également juste avant l’arrivée des temps plus frais. Les oies et les canards vont plutôt enfouir leur tête sous leurs ailes pour se protéger des températures plus rudes.

Il n’est toutefois pas toujours possible d’apercevoir les oiseaux. Dans ce cas, tendez l’oreille, car le chant du merle indique une période de pluie et les cris des cigognes précèdent les bourrasques. Par contre, le silence est précurseur de tempête. 

La migration est également un indice qui permet de décoder la météo. Nos amis à plumes ne prennent pas de risques insensés ; si le temps est instable, un long voyage est trop dangereux, surtout lorsqu’il implique de traverser de grandes étendues sans possibilité de se réfugier. En outre, ces grands voyageurs doivent pouvoir se nourrir durant leur périple. Si vous les suivez du regard, cela signifie que le temps sera clair et dégagé.

Pour leur sécurité, les oiseaux migrateurs voyagent par beau temps. Photo : France Inter.

Vous avez à présent toutes les clés pour décoder les indices laissés par nos amis ailés. La prochaine fois que vous vous questionnerez sur la météo des prochains jours, il vous suffira de prêter attention au langage de la nature !

[1] ACHARYA, Sandeep, Presage Biology: Lessons from nature in weather forecasting, Indian Journal of Traditional Knowledge Vol.10, January 2011

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