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Lutte contre les rosiers rugueux invasifs
Lutte contre les rosiers rugueux invasifs
Reinhardt Strubbe

Dans cinq ans, DUNIAS bannira les espèces exotiques invasives de nos dunes

Laisser les dunes redevenir des dunes... Il s'agit d'un projet ambitieux porté par une équipe enthousiaste : le projet LIFE DUNIAS. Pour rendre leur ancienne gloire à nos dunes côtières, les collaborateurs de DUNIAS souhaitent laisser de la place à la végétation originelle des dunes. Et celle-ci ne pourra revenir que quand les espèces exotiques invasives auront été éliminées définitivement du paysage. Ce travail titanesque est mené par Reinhardt Strubbe de l'Agence flamande pour la Nature et les Forêts. Aujourd'hui, le coordinateur de projet a la parole et nous parle des défis auxquels sera confrontée l'équipe au cours des cinq prochaines années.

Du pain sur la planche

« Pour pouvoir réaliser ce projet, nous avons beaucoup de travail à abattre », commence Reinhardt. « Notre côte abrite de nombreux arbustes exotiques et surtout invasifs. Cela signifie qu'ils se répandent de manière incontrôlée et envahissent nos plantes indigènes. Ils attaquent directement notre biodiversité et pourraient même à terme faire disparaître totalement les dunes, des habitats protégés en Europe. Ce problème ne peut pas être résolu par des politiques locales, précisément à cause du caractère invasif de ces espèces. Oubliez une parcelle, et les plantes se répandront à nouveau sur tout le littoral en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. »

Pourtant, les collaborateurs du projet DUNIAS sont déterminés à mettre leur plan à exécution. « Nous ne pouvons pas laisser cette nature exceptionnelle disparaître. Plusieurs études ainsi que la politique européenne démontrent également l'importance de dunes saines. Nous ne sommes heureusement pas les seuls à voir la gravité de la situation. Sur le terrain, nous pouvons compter sur la collaboration des plusieurs partenaires pour maximiser notre impact. Natuurpunt, Natuurinvest et Compagnie Het Zoute sont nos partenaires associés et se retroussent aussi les manches. Nous recevons également le soutien financier d'actionnaires locaux attachés à notre projet qui souhaitent aussi que les travaux nécessaires soient réalisés sur leurs propriétés. Nous prévoyons ensuite d'acheter 30 hectares de dunes à usage privé afin de lutter contre les espèces exotiques sur ces terrains. De cette manière, nous pourrons créer de l'espace pour restaurer la nature locale et la laisser se développer sur 4000 hectares d'ici fin 2026. Ce projet est inédit, mais nécessaire ! »

Les espèces locales telles que la pensée des dunes, le crapaud calamite et l'hélianthème commun menacent de disparaître à cause de la compétition avec les espèces exotiques invasives
Reinhardt Strubbe
Les espèces locales telles que la pensée des dunes, le crapaud calamite et l'hélianthème commun menacent de disparaître à cause de la compétition avec les espèces exotiques invasives

D'où proviennent toutes ces espèces exotiques ?

Le grand public pense souvent que les espèces exotiques néfastes apparaissent sous nos latitudes sous l'effet du changement climatique, mais le fond du problème provient d'ailleurs. Nous devons donc analyser nos comportements, explique Reinhardt : « La plupart des espèces exotiques arrivent dans la nature par le biais d'actions humaines. Ces végétaux sont des plantes populaires dans les jardins car ils ont souvent de belles fleurs, mais ils n'ont pas leur place au sein de notre nature. Ils profitent évidemment du microclimat chaud qui règne dans nos dunes de sable et certaines plantes se déplacent vers le nord à cause du changement climatique, mais il est faux de dire que toutes les espèces exotiques invasives sont arrivées seules depuis le sud. Elles se répandent depuis les parcs et jardins via leur réseau racinaire souterrain et leurs graines, car les gens abandonnent leurs déchets verts dans la nature, ou les baies de ces plantes sont ingérées par les oiseaux qui éliminent leurs graines plus loin. Comme elles n'ont pas de concurrence naturelle ici, elles ont le champ libre pour se multiplier sans limite. »

« Pour que ce projet réussisse sur le long terme, nous devons aussi conserver une vue d'ensemble », continue Reinhardt. « En tant que membres de DUNIAS, nous libérons aussi des moyens pour faire de la prévention et de la sensibilisation. Nous incitons les jardineries et les entrepreneurs en parcs et jardins à ne plus vendre de plantes exotiques. Ensemble, nous établissons une charte : nous travaillons ainsi de concert pour restaurer notre nature indigène. Vous pourrez bientôt retrouver cette charte et ses signataires sur notre site internet afin de prendre des conseils avant vos achats de nouvelles plantes. Nous allons aussi nous réunir avec les différentes communes côtières et leur demander de ne plus planter de végétaux exotiques et de remplacer les plantations existantes par des spécimens indigènes. De cette manière, nous nous attaquons au problème à sa source, car c'est uniquement comme cela que nous pourrons garantir le futur de nos dunes. »

Invasion de rosiers rugueux
Reinhardt Strubbe
Invasion de rosiers rugueux

Les espèces exotiques invasives ravagent nos dunes

La liste des espèces exotiques invasives contre lesquelles le projet DUNIAS lutte est trop longue pour être reprise dans cet article, mais elle contient entre autres les espèces suivantes : 

  • Le rosier rugueux : arbuste à fleurs populaire qui est souvent cultivé le long des routes, sur les ronds-points et sur les berges des canaux.
  • Le mahonia à feuilles de houx (photo de droite) : arbuste vivace aux feuilles ligneuses dont les baies attirent les oiseaux.
  • Le cerisier noir : petit arbre (ou arbuste) qui porte des grappes de cerises noires.
  • Le goji : plante épineuse aux belles fleurs et baies qui pousse facilement dans les sols sableux pauvres.
  • L'ailante glanduleux : arbre de taille moyenne aux longues feuilles recouvertes de duvet. Ses samares sont emportées par le vent.
  • Le séneçon en arbre : grand arbuste aux feuilles caractéristiques dont les graines peuvent germer pendant longtemps.

Certaines espèces (mais malheureusement pas toutes) se trouvent sur «liste noire ». Cela signifie que l'Europe a émis une interdiction de les vendre afin d'empêcher l'introduction de nouveaux spécimens.

Les espèces exotiques provoquent aussi des dommages économiques

Ce travail semble insurmontable, mais l'ambition de Reinhardt et de ses collègues est tout aussi grande. « Nous sortons les grands moyens pour atteindre notre but. Pour faire disparaître ces plantes obstinées pour de bon, nous devons les éliminer totalement. Cela signifie que nous devons creuser jusqu'à un mètre de profondeur à l'aide d'une grue, tamiser le sable environnant et évacuer les résidus de végétaux. Nous faisons également tout pour informer au mieux les habitants, les touristes et les autres amoureux de la côte. Nous espérons que tous opteront pour la restauration de la nature côtière. En y repensant à deux fois avant de planter des végétaux dans votre jardin, vous contribuez directement à la restauration de la nature dans les dunes. »

Ce projet n'a pas que des avantages écologiques, mais aussi économiques, ajoute Reinhardt. « Le coût de nos travaux est colossal. Nous avons dégagé sept millions d'euros afin de les mener à bien. Je suis convaincu que la communauté en retirera deux fois plus. Il est impossible de chiffrer la valeur de notre travail sur le plan écologique, car nous nous concentrons surtout sur les services écosystémiques inestimables que la nature nous rend, comme le maintien des réserves d'eau et la survie des pollinisateurs. Mais d'un point de vue économique, notre travail a une réelle plus-value. Comme les espèces exotiques invasives croissent rapidement, elles endommagent par exemple la chaussée, ce qui peut occasionner des coûts supplémentaires. En outre, ces espèces altèrent la stabilité des dunes, ce qui peut encore augmenter les conséquences de la montée du niveau des eaux. Si l'on considère tous ces avantages, ce projet est bénéfique sur le long terme, aussi bien pour les gens que pour la nature. »

Grâce au projet LIFE DUNIAS, nous verrons bientôt davantage d'espèces de ce type apparaître dans nos dunes. Sur la photo : orchis incarnats.
Reinhardt Strubbe
Grâce au projet LIFE DUNIAS, nous verrons bientôt davantage d'espèces de ce type apparaître dans nos dunes. Sur la photo : orchis incarnats.

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