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Les animaux expérimentent-ils le deuil ?

Les scientifiques sont de plus en plus convaincus que les humains ne sont pas les seuls à être capables de ressentir des émotions. Le deuil est même parfois observé chez les animaux qui vivent en groupe. Il nous faut cependant nuancer ce concept.

Les dauphins qui emportent avec eux leur petit après sa mort, les éléphants qui se rassemblent auprès de l'un des leurs une fois son heure arrivée et les girafes qui veillent quand leur bébé vient à mourir ne forment qu'une petite partie des nombreux animaux qui montrent des comportements assimilés au deuil au sein de notre nature.

Qu'est-ce que le deuil ?

Les anecdotes sont nombreuses, mais comment savoir si un animal porte réellement le deuil ? Il se peut qu'il ait une simple réaction naturelle suite au décès d'un autre animal de son espèce. La notion de chagrin est ici essentielle pour pouvoir débattre sur ce sujet, et il nous faut donc définir le concept de « deuil ». Celui-ci doit remplir deux conditions.

Premièrement, les animaux doivent avoir un lien social avec d'autres animaux qui dépasse les simples comportements liés à la survie comme la reproduction et la recherche de nourriture. Le chagrin ressenti par l'animal doit ensuite être lié au décès d'un autre. Une femelle chimpanzé qui continue à traîner son bébé mort pendant des semaines et qui continue à s'alimenter, à dormir et à s'accoupler comme avant ne porte donc pas le deuil. En revanche, les dauphins mentionnés plus haut négligent leurs propres besoins et arrêtent de se nourrir ; ils ont donc un comportement que l'on pourrait assimiler au deuil.

Les animaux de notre nature portent-ils aussi le deuil ?

Il existe encore beaucoup d'incertitudes quant au processus de deuil chez les animaux. Ce comportement émotionnel est de plus très difficile à observer dans la nature, car l'animal doit être suivi de près et intensivement durantune certaine période, ce qui est souvent difficile au vu de la vie cachée que de nombreuses espèces mènent. Généralement, le processus de deuil est observé d'abord en captivité ou étudié de manière intensive au sein des groupes d'animaux.

  • Chez les cétacés, le deuil a déjà été observé plus d'une fois et concerne généralement les bébés morts. Ces comportements sont identifiés surtout chez les espèces intelligentes de dauphins, mais aussi chez la baleine à bosse, qui se retrouve de temps à autre le long de nos côtes.
  • Les renards présentent parfois une sorte de rituel funéraire durant lequel ils déposent toutes sortes de matériaux naturels sur l'animal mort.
  • Il a aussi été prouvé que les loups et les coyotes ressentaient du chagrin sur une longue durée quand un membre de leur meute venait à mourir. Ce comportement n'est pas étonnant étant donné que ces canidés vivent en meute composée par un couple dominant et ses petits.
  • Un garçon de huit ans a filmé en Arizona des pécaris (des cousins lointains de nos sangliers) qui rendaient visite à un congénère mort pendant dix jours. 

Les oiseaux en deuil

Les mammifères ne sont pas les seuls à entamer un processus de deuil, cette série de comportements a aussi été observée chez les oiseaux, et pas seulement chez ceux auxquels nous pensons en premier comme les très intelligents corvidés, mais aussi chez certains oiseaux aquatiques.

  • À New York, un canard mulard apprivoisé posait continuellement sa tête sur son compagnon mort, rejetant les nouveaux amis qui se présentaient à lui pour finalement mourir de chagrin.

  • Konrad Lorenz, détenteur d'un prix Nobel, a décrit le processus de deuil chez l'oie cendrée, qui se comporte de la même manière lors du décès d'un partenaire que de jeunes enfants qui auraient perdu un proche.

  • Les corvidés se rassemblent autour de leurs congénères morts, même si cette réunion a probablement d'autres motifs que de montrer leur chagrin. Les chercheurs ont pu prouver que ces « funérailles » servaient surtout à déterminer la cause de la mort afin de se protéger.
  • Les pies déposent des branches et des brins d'herbe sur les pies défuntes ; le célèbre biologiste comportementaliste Marc Bekoff a appelé ce rituel « funérailles de pies ».

Ces exemples nous permettent de conclure que certains animaux entreprennent bel et bien un processus de deuil. Le processus précis et son impact sur leur vie dépendent de l'espèce, des circonstances et peuvent même varier d'un individu à l'autre. À  l'instar des êtres humains, chacun fait son deuil à sa manière.

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