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Orchis tachetés dans un champ
Orchis tachetés dans un champ
Stijn Smits

Nos orchidées sauvages

Vous pensiez que les orchidées étaient des plantes tropicales qui ne poussaient que dans les jungles luxuriantes à l’autre bout du monde ? Vous aviez tout faux ! Notre pays compte aussi de superbes espèces indigènes qui rivalisent de beauté et d’originalité avec les célèbres phalaenopsis qui décorent nos salons. Découvrez les orchidées de Belgique dans cet article.

La Belgique compte à elle seule 49 espèces différentes d’orchidées, dont 44 s’épanouissent en Wallonie. Si vous êtes un.e fan inconditionnel.le de ces fleurs, mieux vaut vous munir d’un guide complet pour les reconnaître lorsque vous parcourez notre nature au printemps et en été, saisons de floraison de nos orchidées. Mais en attendant votre Saint Graal, nous vous proposons d’en découvrir quelques-unes ici.

L’ophrys abeille (Ophrys apifera)

Nos lecteurs les plus assidus connaissent peut-être déjà ce végétal génial qui réussit parfois à tromper les abeilles par son apparence. Si elle rate sa cible, cette orchidée sauvage a un autre atout dans sa manche : elle est capable de s’autoféconder. Comme les petites orchidées issues de ce mode de reproduction n’ont pas un matériel génétique très divers, elles présentent des variations locales importantes à tel point qu’elles semblent presque être issues d’espèces différentes. Elle fleurit entre mai et juillet.

L’orchis tacheté (Dactylorhiza maculata)

Adepte des sols argileux acides et plutôt humides, l’orchis tacheté tient son nom des taches noires qui ornent ses feuilles. Ses rhizomes ressemblent aux doigts d’une main, d’où son nom scientifique. Ses pétales lilas à blanches sont ornés de motifs mauve foncé. Ses fleurs disparaissent à la mauvaise saison, mais elle survit malgré tout à l’hiver sous forme de bulbe, bien à l’abri dans la terre.

L’épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine)

L’épipactis à larges feuilles est notre orchidée locale la plus commune. Vous pourriez l’avoir aperçue sans même vous en rendre compte, car elle est très discrète malgré sa grande taille (1 m de haut). Elle pousse un peu partout, des forêts aux bords des cours d’eau, et porte de petites fleurs roses sur toute la hauteur de sa tige pubescente. Pour attirer ses pollinisateurs et se reproduire, elle dégage un délicieux parfum vanillé. Un vrai attrape-guêpes, qui adorent ce nectar sucré !

L’épipactis à fleurs pendantes (Epipactis phyllanthes)

Il s’agit de l’une de nos orchidées les plus rares. Elle ressemble fortement à notre orchidée précédente, l’épipactis à larges feuilles, mais est beaucoup plus petite (10 à 50 cm) et a des fleurs verdâtres. De plus, sa tige est glabre. Comme ses fleurs sont rarement entièrement ouvertes, elle est autogame : à l’instar de l’ophrys abeille, l’épipactis à fleurs pendantes est donc capable de faire des bébés toute seule.

L’orchis guerrier (Orchis militaris)

Très rare, l’orchis guerrier porte des fleurs qui ressemblent à des soldats dont la tête serait surmontée d’un casque. La partie inférieure de la fleur rappelle un corps doté de bras et de jambes. Assez précoce, elle fleurit entre avril et juin. Depuis l’Antiquité, son bulbe est réduit en poudre (appelée Salep) et consommé dans les Balkans, en Turquie et au Moyen-Orient. Aujourd’hui, cette poudre est toujours produite en Iran, mais en Belgique, l’orchis guerrier est intégralement protégé.

L’orchis bouc (Himantoglossum hircinum)

Cette orchidée n’a pas un nom très sexy, et pour cause : elle sent… le bouc ! Avec cette fragrance, l’orchis bouc n’essaie pas d’attirer des chèvres, mais plutôt des insectes qui assureront sa pollinisation. Heureusement pour nous, cette odeur ne se répand pas assez loin pour que nos narines en soient incommodées. Sa taille imposante (jusqu’à 1 m de haut) le rend difficile à rater. De plus, son labelle (pétale inférieur) se déroule comme une langue ou un serpentin. Une apparition que vous ne risquez pas d’oublier !

L’orchis grenouille (Coeloglossum viride)

Cette orchidée adepte des températures fraîches est fortement menacée par le réchauffement climatique qui s’abat sur notre planète de plein fouet. Rarissime, elle occupe encore quelques endroits du sud de la province de Namur et dans le nord du Limbourg. Elle ne mesure que 10 à 30 cm et est de couleur verdâtre, raison pour laquelle elle passe encore plus inaperçu.

La platanthère à feuilles verdâtres (Platanthera chlorantha)

Pour sa fécondation, cette orchidée a développé une astuce parfaite : elle dégage une forte odeur pendant la nuit pour attirer les papillons nocturnes. Ses grandes feuilles et ses fleurs blanches dont le labelle ressemble à une langue pendante lui confèrent un style unique. Elle est présente sur tout le territoire et particulièrement dans le centre de la Wallonie dont elle apprécie le sol calcaire.

L’orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis)

Classé sur la liste rouge des espèces menacées, l’orchis pyramidal est rare. Quand toutes ses fleurs roses ne sont pas encore ouvertes, cette orchidée ressemble à une pyramide. En amour, notre orchis est du genre « collant » : quand les papillons tentent d’accéder à son nectar, ils doivent entrer en contact avec le rétinacle, un organe visqueux de la plante. Ils se retrouvent alors avec du pollen collé sur leur trompe et l’emportent avec eux jusqu’à la plante suivante, permettant ainsi la fécondation croisée. Astucieux, non ?

L’orchis pourpre (Orchis purpurea)

Assez semblable à l’orchis guerrier, l’orchis pourpre vit aussi dans des biotopes semblables mais se distingue de son cousin par son casque rouge foncé. Les hybridations entre l’orchis pourpre et l’orchis guerrier ne sont d’ailleurs pas rares. Cette orchidée peut atteindre 80 cm de haut. On lui prêtait autrefois à tort des vertus aphrodisiaques, ce qui a entraîné trop de cueillettes et sa raréfaction, à l’instar de nombreuses autres orchidées.

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