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Les animaux, ces champions de la démocratie

Les Etats-Unis viennent d'élire leur nouveau président. Dans le monde animal aussi, on vote! La démocratie est en effet loin d'être l'apanage des humains. 

Ces dernières semaines ont été marquées par l’élection présidentielle américaine. Après un long et intense comptage des voix, le nom du candidat élu s’est enfin fait connaître. De l’autre côté, la défaite est amère et des rumeurs de fraudes sont lancées. En défiant le processus électoral, les bases de la démocratie sont mises à mal. Dans le monde animal, les égos surdimensionnés se font plus rares. Les espèces ont rapidement compris que s’ils doivent vivre en groupe, les prises de décisions sont capitales. Les humains n’ont finalement pas inventé grand-chose à ce niveau-là !

Dans une meute, il peut arriver que lorsqu’un individu souhaite aller s’abreuver à la rivière, un autre préfère aller chasser ou se reposer. La direction à prendre peut aussi être cruciale, faut-il plutôt s’enfoncer vers les bois ou longer les berges ? Un vote peut dès lors être proposé pour garder une cohésion sociale. Les animaux ont tout intérêt à y prendre part s’ils veulent continuer à être accepté parmi leurs congénères et profiter de la protection qu’offre la vie en communauté.

Les décisions sont donc prises collectivement, ils n’ont pas besoin de meneur. On peut néanmoins observer des animaux plus dominants, du fait de leur expérience, leur âge ou leur condition physique ils peuvent être perçus comme des initiateurs ou des leaders d’opinions que les autres auront tendance à écouter. Mais il n’existe pas de "président" ou de "premier ministre" dans le règne animal. L’idée de la nécessité d’un chef pour mener les troupes est une construction humaine. Dans leur monde, le despotisme est d'ailleurs extrêmement rare.

Bien-sûr, il n’y a rien de politique dans cette recherche de consensus chez les animaux, mais elle est néanmoins essentielle pour la survie de certaines espèces. Celles-ci ont chacune leur propre manière de voter, regardons cela de plus près !

Chez les insectes

Chez les abeilles, lorsqu’un essaim devient trop grand, une partie de la colonie s’en va pour en former un autre ailleurs. Celles qui ont quitté la ruche ont alors une décision importante à prendre : où vont-elles s'installer ? Plusieurs centaines d’éclaireuses partent alors à la recherche de leur nouvelle maison. Chaque recoin potentiel est passé au crible et soumis à un état des lieux féroce.

Une fois qu’une éclaireuse trouve quelque chose de convenable, elle revient voir ses congénères et va se mettre à danser. Les mouvements donnent des informations sur la taille, la qualité et la distance du lieu trouvé. Chaque éclaireuse aura donc sa propre danse. Elles peuvent danser pendant près de seize heures pour défendre leur choix ! Les autres abeilles vont suivre les différentes chorégraphies, jusqu’à ce qu’une danse remporte l’adhésion totale. Dès cette synchronisation, tout l’essaim s’envole vers la nouvelle destination choisie.

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Chez les fourmis, la relocalisation est également soumise au vote. Une fois qu’une nouvelle reine naît, elle s’en va avec un groupe d’ouvrières pour loger dans une nouvelle fourmilière. Celles-ci vont tenter de convaincre le plus de fourmis de rejoindre le lieu qu'elles ont trouvé. Si un nombre conséquent d’individus rejoignent un site, la colonie va alors déménager à cet endroit-là.  

S’ils n’ont pas des structures sociales aussi sophistiquées et complexes que les abeilles et les fourmis, les cafards peuvent aussi prendre part à des votes démocratiques. Des chercheurs de l’ULB ont fait des expériences sur un groupe de 50 cafards. Exposés à la lumière, ce qu’ils n’aiment pas, la réaction des cafards ne s’est pas fait attendre. "Nous avons analysé le comportement de chaque groupe à différents moments et nous avons remarqué que tous les groupes étudiés ne se comportaient pas de la même manière: tantôt ils se regroupaient rapidement sous un abri, tantôt ils exploraient l'environnement plus longtemps avant de se regrouper. Mais chaque groupe affichait toujours le même comportement. (…) Nous avons affaire à un groupe d'individus capables de trouver un consensus quant à une décision", indique Isaac Planas, à la tête de l’étude.

Chez les mammifères

Chez les mammifères comme le cerf, des prises de décisions collectives sont également observées. Lorsque le grand cervidé se dresse sur ses deux pattes arrière, ce n’est pas pour s’étirer. Le groupe est plutôt en train de procéder à un vote. Le cerf élaphe vit en troupeau, il passe beaucoup de temps à ruminer. Si certains veulent s’avancer avant d’autres, il faudra soumettre cette proposition au groupe. Selon une étude, les cerfs vont se déplacer lorsque 60% des adultes se mettent debout. Ils votent donc avec leurs pieds ! Les troupeaux préfèrent suivre les décisions démocratiques que celles autocratiques, même s’il y a des individus dominants dans la bande.

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Chez les oiseaux

Encore une fois, le déplacement est sujet à débat. Du côté des cygnes, ils votent avec des mouvements de la tête pour adjuger du chemin à prendre. Ils peuvent se déplacer si un grand nombre de leurs congénères font des mouvements de faible intensité ou lorsqu’un petit nombre fait des mouvements de forte intensité.

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Qu’il l’aurait cru, mais les pigeons aussi sont capables de prendre des décisions en groupe. Selon des chercheurs de l’Université d’Oxford, ils ont même des hiérarchies sociales complexes où les individus au plus bas de l’échelle peuvent prendre part au vote concernant leur prochain vol. Tout le monde à son mot à dire, même si quelques oiseaux mènent l’attroupement.

Cela va de soi, aucun vote ne se fait de manière consciente chez les animaux. Il s’agit surtout d’un instinct primitif et d’une réaction intuitive. D’ailleurs du côté des poissons, s’ils nagent en bande dans la même direction, cela résulte davantage du mimétisme plutôt que d’une réflexion sociale. Néanmoins, le concept de démocratie semble bien ancré dans le règne animal et n’est pas près d’être remis en question.

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