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Les haies mortes, un plus pour la biodiversité

Même si leur nom n’est guère glamour au premier coup d’œil, les haies mortes, ou haies sèches, sont véritablement utiles pour la biodiversité. Envie de tenter l’expérience ? Lisez cet article pour en savoir plus sur les haies mortes et apprenez à en fabriquer une.

Qu’est-ce qu’une haie morte ?

Non, il ne suffit pas de laisser mourir vos belles étendues de prunelliers pour obtenir une haie morte. Une haie sèche est simplement un agencement de branches mortes (entrelacées ou non), parfois additionnées de feuilles ou de déchets de jardin, suffisamment dense pour remplir certaines des fonctions d’une haie « classique ». Les branches sont couchées à l’horizontale entre deux rangées de piquets et forment une barrière naturelle. Votre haie morte ne portera évidemment aucun fruit (du moins au début) mais fournira une protection contre les éléments, un abri pour la petite faune telle que les amphibiens, les hérissons ou les oiseaux et permettra de fertiliser la terre de votre jardin à mesure que le bois et les déchets végétaux se décomposeront. Vous envisagez de planter une rangée d’arbres têtards, ces arbres  à la forme si particulière que l’on ne trouve pratiquement nulle part ailleurs ? Ne jetez pas leurs branches ! Les haies sèches sont un excellent moyen de récupérer vos branches taillées. Elles sont donc peu coûteuses, voire gratuites si vous parvenez à récupérer suffisamment de déchets de taille ; pensez à demander à vos voisins lorsqu’ils taillent leurs arbres !

Les haies mortes existent depuis toujours : des traces archéologiques indiquent que les Celtes les employaient déjà pour protéger leurs cultures ! Elles sont devenues particulièrement populaires au Moyen-Âge suite aux lourds travaux de déboisement entrepris dans nos contrées. Remises au goût du jour par le biologiste allemand Hermann Benjes et son frère Heinrich dans les années 1980, elles ont l’avantage d’être faciles à réaliser et de nécessiter peu de soins. L’abandon des haies au cours du XXe siècle au profit des fils barbelés a porté un grand coup à notre biodiversité. Les deux frères ont donc eu l’idée de réintégrer le bois mort aux jardins et prés afin de faire revenir la faune menacée par l’urbanisation de nos cultures.

Pourquoi opter pour une haie morte ?

Les haies sèches vont accueillir une faune locale et variée. Certaines espèces comme les vrillettes, des insectes xylophages, vont être attirées par cet entassement de branches mortes. Une mauvaise nouvelle ? Non, car leurs larves vont décomposer le bois en sorte de poudre riche en azote, une substance essentielle pour fertiliser les végétaux et la terre. La décomposition des déchets verts crée aussi de l’humus, qui, en plus de comporter de nombreux nutriments, conserve mieux l’humidité. Vous pourrez même récupérer l'humus à la base de votre haie pour nourrir la terre de votre jardin là où elle en a besoin.

Les haies mortes ont aussi l’avantage d’être très robustes et sont une véritable arme contre le vent ; elles protègent à la fois votre jardin et la faune qui y a élu domicile. Certains amphibiens recherchent activement un endroit à l’abri du gel et des changements de températures pour hiberner ; votre haie morte pourrait représenter une bonne solution ! De la même manière que les haies vives, les haies mortes attirent les insectes et oiseaux en manque de lieux de nidification. Rouges-gorges, bergeronnettes et troglodytes seront ravis de nicher dans votre nouvelle installation !

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Avec un peu de patience, votre haie morte pourrait même se muer en haie vive : les animaux qui s’y réfugient vont transporter toute une série de graines qu’ils répandront notamment via leurs déjections. Si les conditions sont favorables, ces graines vont s’entremêler à vos branches et des plantes finiront par pousser dans votre haie sèche. Pratique, non ?

Comment installer une haie morte ?

Rien de plus simple : vous n’aurez besoin que de piquets et de branches. Adaptez la taille de vos piquets en fonction de la hauteur que vous souhaitez, car ce sont eux qui maintiendront vos branches bien en place. Vous pouvez évidemment utiliser des branches épaisses (ou même du bambou) en guise de piquets pour récupérer un maximum de matériel. Seul inconvénient ? Il vous faudra une quantité considérable de bois mort pour réaliser votre haie. Vous pouvez donc la construire petit à petit en fonction de la quantité de mois mort que vous pouvez récupérer.

  1. Placez vos piquets à intervalles réguliers ; basez-vous sur la longueur de vos branches (on compte généralement un mètre pour les longues branches ou 50 cm pour les plus petites) pour calculer les intervalles afin que vos branches soient enserrées entre les piquets. Enfoncez vos piquets dans le sol (à l’aide d’un marteau si nécessaire).
  2. Placez une deuxième rangée parallèle à la première espacée d’environ 30 à 80 cm en fonction de la largeur que vous désirez.
  3. Placez vos branches couchées entre les piquets de manière à ce qu’elles forment une haie assez dense ; c’est la seule façon de ne pas laisser passer le vent et de créer le microclimat tant recherché par la petite faune. Si vous souhaitez que votre haie se transforme à terme en haie vive, assurez-vous de laisser passer la lumière entre les branchages afin que les graines apportées par les animaux puissent germer.
  4. Si vous souhaitez empêcher une plus grande faune de passer (sangliers, chevreuils,…), assurez-vous que votre haie soit assez haute ; vous pouvez aller jusqu'à environ 1m80, mais une haie d'un mètre est déjà largement suffisante.
  5.  Vous pouvez également ajouter des déchets verts (herbe tondue, feuilles mortes, racines) au-dessus de votre haie morte pour la nourrir.

Astuce : vous pouvez tresser les branchages avant de les placer afin d’épaissir la couverture qu’ils apporteront.

 

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