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Nos cimetières débordent de vie

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, nos cimetières sont les lieux de vie privilégiés de certaines espèces, tant animales que végétales. En 2015, le Service public de Wallonie a même créé le label « Cimetière nature » afin de récompenser les lieux qui joignent la gestion écologique à la sérénité du repos éternel. Comment des sépultures peuvent-elles être le cadre d’une nouvelle vie ?

Les cimetières ne sont pas franchement les premiers lieux qui nous viennent à l’esprit quand on pense à la vie. Saviez-vous qu’ils représentent pourtant des biotopes uniques qui répondent à tous les critères nécessaires à la survie de nombreux organismes ?

Les « cimetières nature », engagés pour l’écologie

En 2015, la Wallonie a décidé de faire un geste pour la nature en lançant le label « cimetière nature ». Cette initiative répondait à une directive européenne et vise avant tout le « zéro pesticides » dans les espaces publics. Les communes qui souhaitent participer à ce projet doivent respecter certaines conditions :

  • laisser une végétation importante et variée se développer
  • encourager la biodiversité par la création de nichoirs, d’hôtels à insectes et de plants d’eau et la plantation de végétaux indigènes
  • gérer durablement l’eau et les déchets générés
  • installer des espaces de recueillement naturels
  • limiter, voire interdire les pesticides
  • lutter contre les espèces invasives
  • valoriser le patrimoine naturel

En cinq ans, un peu plus de 80 communes ont reçu le label pour un ou plusieurs de leurs cimetières et ont pris exemple sur les villes de Namur, qui compte 18 sites labellisés, et Liège, qui recouvre la plus grande surface de sépultures nature. La catégorisation est répartie sur trois niveaux, en fonction des efforts investis par les communes. À chaque niveau correspondent une série de critères, comme des gîtes pour animaux sauvages et une végétalisation de 150 % pour le niveau 1, des plantes locales et un entretien des végétaux respectant les saisons (nidification) pour le niveau 2 ou l’abandon des pesticides et la présentation d'informations sur le projet à destination du public pour le niveau 3. Pour mener à bien leurs projets, les communes peuvent demander des subsides pour réaménager leurs cimetières et travailler conjointement avec des projets tels que le Plan Maya, qui tente de réhabiliter les insectes pollinisateurs en favorisant la culture de plantes mellifères et en interdisant les pesticides, ou la Semaine de l’Arbre, qui encourage la promotion des arbres locaux dans les espaces publics. Les plantes indigènes menacées sont aussi mises à l’honneur, comme la gagée des champs (Gagea villosa), supposée disparue mais qui subsiste certains cimetières à Arlon, ou l’holostée en ombelle (Holosteum umbellatum), qui survit près des tombes en province de Luxembourg.

Monument aux morts des deux guerres mondiales dans le cimetière de Remouchamps

Si vous le souhaitez, vous pouvez vous aussi adopter quelques gestes simples pour rendre hommage à vos disparus tout en favorisant l’écologie, comme nettoyer les tombes au savon noir au lieu de l’eau de Javel ou recouvrir leurs sépultures de plantes vivaces et locales. Pourquoi ne pas opter pour des plantes mellifères riches en nectar comme la bourrache officinale (Borago officinalis) ou le myosotis ?

Un havre de paix pour de nombreuses espèces

Les plantes à fleurs sont très prisées par nos insectes pollinisateurs, domestiques comme sauvages. Saviez-vous par exemple que la Wallonie comptait plus de 350 espèces d’abeilles sauvages et qu’elles pollinisaient 80 % de nos végétaux ? Or ces insectes, vitaux pour notre nature, sont menacés notamment par l’urbanisation croissante et les pesticides, surtout les néonicotinoïdes. Certaines abeilles sont même devenues très rares au sein de nos paysages et sont désormais protégées. Afin de pallier la disparition progressive des pollinisateurs, la présence de plantes mellifères dans nos cimetières est indispensable et nombreux sont les cimetières qui ont installé un hôtel à insectes au milieu de leurs allées. Les espèces terricoles, plus à l’aise au sol, vont plutôt choisir de bâtir leurs nids dans les allées et sur les tombes.

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D’autres aménagements sont tout aussi importants, comme la présence d'arbres morts. Ceux-ci représentent en effet une résidence de choix pour certaines chauves-souris comme le murin de Bechstein, une espèce quasi menacée et protégée. D’anciens caveaux peuvent aussi leur servir de gîtes, permettant ainsi aux chauves-souris de profiter de la quiétude des lieux pour se reposer durant la journée. Les arbres et les haies peuvent aussi accueillir nos petits oiseaux, raison pour laquelle certaines communes se sont engagées à ne pas les tailler en période de nidification. Les haies servent en outre de points de passage sûrs pour les espèces vulnérables, où elles sont protégées de leurs prédateurs. Les points d’eau sont aussi primordiaux pour les poissons et les amphibiens, dont de nombreuses espèces se portent bien mieux loin de l’agitation des zones habitées. Les tombes peuvent aussi offrir un refuge au lézard des murailles, qui adore prendre un bain de soleil bien caché entre les pierres. En outre, de nombreux insectes sont désormais accueillis dans nos cimetières, tels que le criquet à ailes bleues, l’ammophile des sables ou encore les cicindèles (coléoptères).

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