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Yves Adams

Une grenouille particulière cause des nuisances dans les étangs de jardin

La météo clémente du mois de mars a permis à de nombreuses grenouilles de sortir de leur hibernation pour commencer leur voyage vers leur mare de reproduction. Une fois la saison des amours lancée, les mâles mettent leur sac vocal à profit et entonnent une sérénade originale pour séduire les femelles. Ce concert de coassements s'entend parfois à des centaines de mètres ! Pourtant, ce n'est pas toujours le volume qui cause des nuisances... Dans ce jardin de Rixensart, le voisinage a plutôt été dérangé par le cri spécifique d'une mystérieuse grenouille.

Une invitée très bruyante

Si vous habitez à proximité d'un grand étang ou que vous possédez un point d'eau décoratif dans votre jardin, vous devez être familier avec le cri des grenouilles. Au début de la saison de reproduction, c'est-à-dire vers avril, les mâles doivent coasser le plus fort possible afin d'attirer des partenaires potentielles. Les grenouilles vertes sont particulièrement célèbres pour le nombre de décibels qu'elles émettent grâce à leur sac vocal qui renforce les sons. Pas étonnant que ces invitées bruyantes ne soient pas très populaires auprès des voisins qui dorment la fenêtre ouverte... Les coassements incessants peuvent susciter une certaine irritation – surtout parce que les grenouilles vertes sont des espèces protégées en Belgique qui ne peuvent pas être chassées.

Une grenouille au cri particulier

Nous sommes encore tôt dans la saison, mais il est déjà possible d'identifier quelques grenouilles en se basant sur leur cri. Du doux chant de la grenouille rousse aux « bulles qui éclatent » de la grenouille des champs en passant par le hennissement de la grenouille rieuse, chaque espèce produit un son bien spécifique. Les amoureux de la nature passionnés par notre herpétofaune indigène peuvent les distinguer à l'œil (ou à l'oreille) nu. Pourtant, Raînne, le groupe de travail spécialisé en amphibiens de Natagora, se trouve momentanément face à une énigme : un jardin privé de Rixensart accueille depuis peu une grenouille dont le cri inhabituel résonne dans les environs. Son coassement semble dire... « fuck you ».

« Je suis membre du groupe de travail local depuis presque vingt ans, mais je n'ai jamais entendu ça », explique Marc, un herpétologue passionné. Il a installé un étang dans son jardin il y a une dizaine d'années dans une tentative de créer un nouveau biotope afin de donner un coup de pouce à nos populations de grenouilles et de salamandres. Sans succès... Jusqu'à ce qu'une nouvelle habitante fasse son entrée au-milieu des roseaux.

« C'est ma voisine qui m'en a parlé. Elle se faisait apparemment insulter chaque fois qu'elle allait jeter ses déchets de cuisine sur son tas de compost. Elle se demandait si je lui faisais une blague », s'esclaffe Marc.

Nouvelle hybride ou déformation génétique ?

En répondant à nos questions, Marc rit jaune, car il est lui aussi devenu la cible des nuisances causées par la grenouille. Suite à la météo clémente des dernières semaines, il a passé beaucoup de temps en extérieur pour travailler dans son jardin, mais il a dû accomplir ses tâches armé d'un casque antibruit et avec un podcast dans les oreilles. Et comme la saison des barbecues pointe le bout de son nez, les voisins ont insisté pour que Marc prenne des mesures. Une famille du quartier a même fait savoir qu'elle ne laisserait plus ses enfants sortir à cause de cet amphibien grossier. « C'est agréable d'avoir un jardin, mais cette grenouille n'est pas vraiment la compagnie dont nous rêvons », soupire-t-il. « Pour le moment, je ne vois pas de solution... Il y a de grandes chances que nous ayons affaire à une espèce rare qu'il nous faudra laisser tranquille ».

S'agit-il d'un mauvais tour de Mère Nature ou cette grenouille a-t-elle appris à imiter les sons humains à la manière des perroquets ? Chez Raînne, les experts s'arrachent les cheveux. « À première vue, il s'agirait d'une simple grenouille verte de taille moyenne », pensent-ils. «Elle ressemble à s'y méprendre à une Pelophylax klepton esculentus, mais nous ne savons absolument pas d'où vient ce bruit ».

S'agit-il d'une caractéristique d'une nouvelle hybridation avec une espèce exotique ou le sac vocal de cette grenouille a-t-il été la cible d'une déformation génétique ? À ce jour, personne n'a réussi à attraper l'animal pour l'étudier. En attendant plus de précisions, Marc a donné un surnom temporaire à son encombrante invitée : la « grenouille moqueuse ».

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