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Alerte collision : les insectes percutent de moins en moins les vélos

Ce dimanche marque le lancement de l’édition 2022 du Tour des Flandres. Et qui sait ? Peut-être les coureurs seront-ils accompagnés par quelques insectes qui risquent d’entrer en collision avec leur casque ou leur visage. Pourtant, ce type « d’accident » pourrait se produire de moins en moins souvent… Explications.

N’avez-vous jamais connu cette sensation de liberté et de fraîcheur qui vous envahit lors d’une balade à vélo en pleine nature ? Rien ne peut vous arrêter… Et puis une mouchette décide d’entrer dans votre bouche ou se colle à votre œil. Ces collisions sont relativement fréquentes, mais pas agréables. Pourtant, elles risquent de diminuer dans les années qui suivent, car nos insectes sont de moins en moins nombreux. Entre 2008 et 2017, des chercheurs ont étudié la présence d’arthropodes dans 150 prairies et 140 forêts situées dans 3 régions différentes d’Allemagne. Les résultats ont été publiés en octobre 2019, et ils ne sont pas encourageants : le nombre d’espèces différentes et le nombre d’arthropodes par hectare (leur biomasse) ont tous deux fortement chuté. Pire : ce sont les espèces les plus rares qui ont connu la plus forte diminution, et en particulier sur les sites où l’agriculture est importante.

Malheureusement, ce constat n’est pas nouveau et ne semble pas s’améliorer ; nos lecteurs les plus assidus savent déjà que nos populations d’abeilles sauvages se portent mal à cause de la disparition progressive de leur habitat ou de leur plante hôte. Actuellement, ce sont40 % des espèces totales d’insectes qui sont menacées d’extinction au cours des décennies suivantes, et ce principalement parce que leur habitat disparaît au profit de l’agriculture intensive et de l’urbanisation. Chaque année, 1 à 2 % des insectes disparaissent, voire même davantage. Il existe certes des espèces qui parviennent à s’adapter, mais notre biodiversité s’affaiblit de manière considérable. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Insignifiants, nos insectes ?

Cette proportion semble peut-être infime, surtout quand on sait que les insectes représentent la majorité des espèces présentes sur terre. Cependant, ces petites créatures sont indispensables à la vie sur terre. Ils assurent d’abord la pollinisation de nombreuses plantes ; 80 % de nos végétaux (légumes compris) sont fécondés par les abeilles et les bourdons, sans compter l’aide apportée par d’autres espèces comme les fourmis ou les syrphes. Le travail – gratuit – des insectes rapporte chaque année des milliards de dollars dans le monde. Sans eux, impossible pour nous de nous alimenter, car la plupart des plantes disparaitraient faute de pouvoir se reproduire. De plus, certains peuvent se montrer très utiles dans la lutte contre les ravageurs, remplaçant ainsi les pesticides et insecticides chimiques néfastes pour notre santé et notre environnement.

Ensuite, les insectes comme les coléoptères ou les perce-oreillesdécomposent la matière organique et les déchets végétaux, jouant le même rôle que les pompes funèbres. Ils participent donc à l’alimentation des plantes en transformant ces déchets en humus, assimilable par les végétaux. Les petites bêtes sont également la principale source de nourriture de certains oiseaux, chauves-souris et amphibiens, qui viendraient également à mourir si leurs proies n’existaient plus. De plus, de nombreuses personnes dans le monde consomment elles aussi des insectes. Enfin, les insectes peuvent nous aider de manière inattendue, comme les drosophiles. Ces mouches à fruits, en plus de recycler les déchets, ont permis de nombreuses avancées scientifiques (aérospatiale, génétique, médecine, etc.).

Des menaces toujours plus nombreuses

Comme nous l’avons précisé plus haut, la disparition des divers habitats nécessaires à la survie des insectes est l’un des principaux facteurs responsables de leur mal-être. L’urbanisation et l’agriculture intensive, chargées de répondre aux besoins de pays toujours plus peuplés, participent évidemment à ce phénomène, de même que les pesticides, même si leur emploi est de plus en plus régulé. Malheureusement, une gestion différente de notre politique paysagère ne règlerait pas tous les problèmes.

Le réchauffement climatique pousse de plus en plus d’espèces à changer de région afin de trouver des températures fraîches et un climat moins sec, plus adaptés à leurs besoins. Ces mêmes menaces pèsent sur nos plantes, dont les insectes dépendent fortement. Près de la moitié de nos végétaux sont menacés d’extinction. Dans la nature, tous les organismes sont liés ; la disparition de l’un entraîne forcément la chute des autres.

Des fadets des tourbières, des papillons gravement menacés en Belgique
Jeroen Mentens
Des fadets des tourbières, des papillons gravement menacés en Belgique

Comment pouvons-nous aider les insectes à notre niveau ?

Si des mesures de grande envergure seraient préférables pour que nos insectes ne disparaissent pas définitivement, nous pouvons déjà leur donner un coup de main. Voici quelques astuces :

  • Fabriquez un hôtel à insectes : toutes les espèces ne visiteront pas votre suite 5 étoiles, mais certaines seront ravies d’avoir un refuge à leur disposition quand il pleut ou qu’il fait trop froid. Consultez notre tuto si vous souhaitez vous aussi vous lancer dans la construction.
  • Mettez de l’eau à leur disposition : quand les températures augmentent, nous avons soif. Les insectes aussi ! Déposez un bol d’eau à l’abri de la pluie et du vent pour que nos amis puissent se rafraîchir. N’oubliez pas de laisser flotter des demi-bouchons en liège afin que les insectes ne risquent pas de se noyer !
  • Ne tondez plus votre pelouse : un jardin sauvage sera toujours plus accueillant pour la faune et la flore. En évitant de tondre trop souvent, vous laissez une chance aux plantes de croître, et vous permettez aussi aux insectes de récolter leur précieux nectar ou de trouver un abri.
  • Installez des plantes indigènes : beaucoup d’insectes ont une plante hôte, qu’il s’agisse des abeilles sauvages ou des chenilles. En cultivant des végétaux locaux, vous permettez à ces espèces de se nourrir, se reproduire et continuer à faire vivre la nature.

Si nous aidons les insectes, ils pourront à nouveau nous accompagner lors de nos balades dans la nature ;-)

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